Bruxelles prend du galon

Mais la foire doit s’internationaliser davantage

Le Journal des Arts

Le 13 février 1998 - 675 mots

Les participants à la 43e Foire des Antiquaires de Belgique, qui s’est tenue du 23 janvier au 1er février à Bruxelles, sont dans l’ensemble satisfaits. Seul regret, le public n’est pas assez international, et les affaires se sont surtout conclues pour des objets en deçà de 200 000 francs français. Cette constatation va conduire des marchands à revoir leur offre pour l’année prochaine.

BRUXELLES - À l’issue de la foire, presque tous les exposants affichaient un bilan positif, certains affirmant que leurs objectifs commerciaux avaient été dépassés, d’autres que les nombreux contacts noués tempéraient des résultats moins satisfaisants. Tout le monde l’a admis, la foire de Bruxelles a gagné en ampleur. Sa qualité s’est accrue, le public s’est montré cultivé, curieux de tout, et acheteur d’objets ou d’œuvres classiques proposés à des prix abordables. Mais la manifestation pèche cruellement par son manque de réputation internationale. Le public, essentiellement local, devrait s’étoffer avec des visiteurs étrangers ; seuls les Français du Nord – qui pour beaucoup ont l’âme flamande – et les Hollandais ont fait le voyage. Du coup, en termes d’achats, les limites se sont rapidement manifestées.

S’adapter aux exigences locales
Selon Jacques Leegenhoeck, marchand de tableaux anciens, présent à Bruxelles depuis l’ouverture aux étrangers il y a quatre ans, “c’est une des meilleures foires d’Europe en termes de contacts et d’échanges culturels avec les amateurs. La curiosité et la soif d’apprendre des gens de ces régions est surprenante. Le niveau des ventes a été bien meilleur que l’an dernier, mais il convient de s’adapter aux exigences locales. Le goût des Belges penche vers des sujets flamands très classiques présentés dans des fourchettes de prix allant de 200 à 400 000 francs français”. La galerie Mermoz, dirigée par Santo Micali, effectuait cette année “une première expérience bruxelloise”, sur les conseils de la galerie Zen. Elle n’a pas été déçue, le volume des ventes ayant été très acceptable, même si elle a ressenti un certain attentisme chez plusieurs clients importants, curieux de savoir ce que la Foire de Maastricht leur offrira dans un mois. Des amateurs attirés par une pièce se décideront en Hollande.

Les affaires ont été traitées généralement en deçà de 200 000 francs français ; au-delà, c’était beaucoup plus délicat. Cela impliquera pour la prochaine édition un meilleur ajustement des collections afin de répondre à la demande belge. Des participants ont été étonnés par le refus de certains amateurs devant les prix demandés, alors que ces mêmes amateurs vont acheter des objets à plusieurs millions de francs à Londres, Paris ou New York. L’an prochain, Santo Micali associera davantage de pièces de premier ordre à des objets oscillant entre 50 et 120 000 francs français. Croissy et ses armes anciennes, à l’attaque du marché belge pour la première fois, a été confronté à un défaut d’appréciation identique. Pour avoir mal ciblé sa marchandise en fonction des attentes locales, ses ventes ont certes été convenables en nombre, mais quasi nulles dès lors qu’il était question d’une pièce de très grande qualité. S’il revient à Bruxelles, “ce sera avec une autre collection”.

Guy Ladrière s’est, quant à lui, déclaré très satisfait de sa quatrième participation. “Le niveau des échanges s’est inscrit à un niveau bien supérieur à l’an passé ; nous avons vendu des pièces à des prix autour de 100 à 250 000 francs français”. Les De Jonckheere ont vendu six œuvres – dont deux très importantes – sur les vingt-cinq exposées, ce qui est considéré par François De Jonckheere comme très satisfaisant. Les résultats obtenus en janvier à New York, lors des ventes aux enchères ont sans doute soutenu les transactions. Patrick Berko ressent le marché comme il y a dix, quinze ans, très actif, reposant sur des bases solides, où seule la qualité compte. Enfin, présent pour la deuxième fois, Harry Lunn, marchand de photographies, a fait de moins bonnes affaires que l’année dernière, mais regarde cependant l’avenir avec confiance. Selon lui, les amateurs belges fonctionnent au coup de cœur, et les portraits d’auteurs littéraire du XIXe siècle ont connu un beau succès.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°54 du 13 février 1998, avec le titre suivant : Bruxelles prend du galon

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