Van Gogh d’après Anthony Caro

Le sculpteur anglais réinterpète les maîtres

Le Journal des Arts

Le 13 février 1998 - 453 mots

Mil neuf cent quatre-vingt- dix-huit sera l’année de la consécration officielle pour Anthony Caro. Pour sa première exposition jamais consacrée à la sculpture contemporaine, la National Gallery lui a demandé de créer une séries de pièces inspirées d’un tableau de Van Gogh. Parallèlement, l’artiste anglais sera exposé chez Annely Juda Fine Art.

LONDRES (de notre correspondante) - Anthony Caro doit sa réputation de sculpteur révolutionnaire à ses œuvres abstraites. Ses pièces soudées, peintes de couleurs vives et directement posées sur le sol, ont, au début des années soixante, dégagé la sculpture de son socle et défié une bonne fois pour toutes les buts et les contraintes traditionnelles de ce médium. Depuis, il poursuit sa carrière en s’interrogeant sur les fondements de la sculpture – la sienne et celle des autres –, si bien que, malgré sa renommée, il reste l’infatigable chercheur et l’artiste novateur de ses débuts. Caro s’intéresse en outre profondément à la peinture ancienne.

“Travailler d’après les maîtres”, à la National Gallery, explore ces deux aspects apparemment contradictoires de sa personnalité : le désir d’innover et le respect de la tradition, l’adhésion à une sculpture purement abstraite doublée d’une fascination pour les tableaux figuratifs. Neil MacGregor, directeur du grand musée londonien, a ainsi proposé à l’artiste de créer de nouvelles œuvres inspirées des collections permanentes. Anthony Caro avait déjà réalisé des interprétations en trois dimensions de tableaux de Giot­to, Mantegna, Rembrandt, Goya, Manet et Matisse… Six d’entre elles seront présentées dans l’exposition, accompagnées des reproductions de leurs “modèles”.

Mais le clou de l’événement sera la série exécutée spécialement pour l’occasion, directement à partir de La Chaise de Van Gogh, l’une des toiles les plus célèbres de la National Gallery. Monu­mentales, massives, en forme de bulbe, ces sculptures iné­dites seront placées juste devant le chef-d’œuvre qui les a inspirées, permettant au spectateur de mieux saisir les mécanismes de la vision de l’artiste.

Simultanément, une exposition à la Galerie Annely Juda Fine Art présentera les dernières œuvres en céramique, bois et acier de Caro, ainsi que son projet pour le Millennium Bridge, créé en collaboration avec l’architecte Sir Norman Foster et les ingénieurs Ove Arup & Partners. Cette passerelle piétonne, qui reliera la City à la nouvelle Tate Gallery Bankside et au Globe Theatre, sera le premier pont sur la Tamise construit depuis cent ans. Qu’un tel ensemble d’éléments de l’Esta­blishment britannique rende hommage à un artiste si résolument novateur est une surprise rare et bienvenue.

TRAVAILLER D’APRÈS LES MAÎTRES : ANTHONY CARO, 25 février-4 mai, National Gallery, Trafalgar Square, Londres, tél. 44 171 747 28 85, tlj 10h-18h, mercredi 10h-20h, dimanche 12h-18h.

ANTHONY CARO, 26 février-11 avril, Galerie Annely Juda Fine Art, 23 Dering Street, Londres, tél. 44 171 629 75 78.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°54 du 13 février 1998, avec le titre suivant : Van Gogh d’après Anthony Caro

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