Manuscrits et lettres de poètes

PARIS - “Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.” La Lettre du Voyant (1871), envoyée par Rimbaud au poète Paul Demeny, véritable manifeste d’art poétique, sera mise en vente 1 à 1,5 million de francs, accompagnée de trois poèmes, lors de la dispersion de la collection Hughes, du nom du fondateur de la librairie Le Point Cardinal à Saint-Germain-des-Prés, décédé le 4 octobre. L’ancien ministre de la Culture Jack Lang a souhaité que l’État se porte acquéreur de “ce document de première importance pour la littérature et l’Histoire”.

Parmi les éditions originales proposées, un des six exemplaires d’Une Saison en Enfer distribués par Rimbaud en 1873, les Illuminations et le Reliquaire (l’exemplaire annoté par Georges Izambard, le professeur et l’ami de Rimbaud) devraient être les plus convoités. Paul Verlaine sera présent à travers 150 lettres datant de 1862 à 1895, adressées pour la plupart par le poète maudit à son plus fidèle ami, Edmond Le­pelletier. L’amateur pourra suivre au fil de ces documents toute une partie de la vie de Verlaine, depuis sa jeunesse et sa tumultueuse liaison avec Rim­baud jusqu’à sa déchéance, ponctuée de fréquents séjours dans les hôpitaux. Au nombre des manuscrits et éditions originales de René Char, édités par Jean Hugues dont il fut l’ami, signalons Artine (1930), Le Marteau sans maître (1934), Seuls demeurent (1943) et Recherche de la base et du sommet (1955).