Une pyramide pour le Musée d’Israël

Un chantier sur fond de célébrations

Le Journal des Arts

Le 27 février 1998 - 569 mots

Alors que se préparent d’importants aménagements muséographiques, inspirés par la Pyramide du Louvre, le Musée d’Israël a décidé de célébrer le cinquantième anniversaire de la naissance de l’État hébreu avec une série d’expositions. En revanche, la Smithsonian Institution de Washington, accusée de soutenir la réconciliation avec la communauté arabe, a dû renoncer à ses projets de commémoration.

LONDRES - Le New-Yorkais Martin Gruss vient de faire un don de 42 millions de dollars (252 millions de francs) au Musée d’Israël, à Jérusalem, en mémoire de ses parents Caroline et Joseph Gruss. L’argent servira à l’aménagement d’un espace d’accueil et d’orientation rappelant la Pyramide du Louvre. Comme pour accentuer cette analogie, le projet a été confié à l’architecte James Freed, de chez Pei, Cobb, Freed & Partners, l’agence qui a conçu la Pyramide.

Pour l’instant, ce musée, construit il y a trente ans, ne dispose que d’une entrée banale et, à part le célèbre dôme du Sanctuaire du Livre qui abrite les Rouleaux de la mer Morte et le jardin de sculptures d’Isamu Noguchi, aucun espace n’assure le lien entre les différentes parties du bâtiment. “Le musée reçoit chaque année entre 750 000 et un million de visiteurs et, sans lieu d’orientation, il est toujours très difficile de les aiguiller dans la bonne direction”, commente James Snyder, son directeur, qui ajoute : “Lorsque je suis arrivé, on m’a demandé ce que j’avais l’intention de construire. J’ai répondu que je prévoyais de réaménager le musée dans une configuration plus cohérente.” L’une des conditions imposées par Martin Gruss était que le musée reçoive également des subventions du gouvernements israélien. Grâce aux négociations menées par James Snyder depuis son accession au poste de directeur en 1996, celles-ci s’élèveront à 8 millions de dollars (48 millions de francs).

En janvier, le musée a communiqué son programme d’expositions pour commémorer le cinquantième anniversaire de la création de l’État d’Israël, alors que personne ne connaît encore avec précision les conditions dans lesquelles sera célébré l’événement. L’as­sociation internationale des Amis du Musée d’Israël a réuni 2 millions de dollars qui permettront de financer les sept expositions prévues tout au long de l’année. Cette association apporte 60 % des 20 millions de dollars (120 millions de francs) du budget annuel d’exploitation, et presque la totalité des 5 à 10 millions de dollars du budget des expositions. Le musée a évité les prises de position politiques dans son programme, qui commencera avec “État des lieux : panorama de la photographie contemporaine en Israël”.
Suivront des rétrospectives consacrées, entre autres, à l’image de la Menorah dans les arts plastiques, au peintre Marcel Janko, à Israël et l’Orientalisme, à 100 ans de photographie en Israël, ainsi qu’une exposition ethnographique sur les pèlerinages en Terre Sainte au fil des âges.

La Smithsonian Institution, à Washington, a dû quant à elle annuler en janvier son programme de commémoration de la naissance d’Israël, intitulé “Israël a cinquante ans : les rêves d’hier, les réalités de demain”, à la suite de critiques visant le New Israel Fund, son principal mécène (qui a fait don de 20 000 dollars). Celui-ci est accusé de soutenir les projets de réconciliation entre Arabes et Juifs. Les mouvements juifs intégristes ont également jugé que le programme était “trop orienté”. Ils ont reçu le soutien du député républicain Malcolm Forbes, membre du comité pour l’allocation des subventions à la chambre des Représentants, qui contrôle 70 % du budget de la Smithsonian.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°55 du 27 février 1998, avec le titre suivant : Une pyramide pour le Musée d’Israël

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