Antiquaires

La qualité à un prix raisonnable

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 3 février 2009 - 555 mots

Organisée du 23 janvier au 1er février, la foire des antiquaires de Bruxelles s’est nettement améliorée, mais les résultats commerciaux restent mitigés.

BRUXELLES - À l’image des musées, dont la fréquentation est en hausse, les foires se seraient-elles mues en cellules de crise, où les gens évacuent leurs soucis financiers ? On pourrait le croire au regard de la fréquentation accrue d’Arte Fiera à Bologne et de Brussels Antiques & Fine Arts Fair (Brafa), à Bruxelles. À ceci près que les salons ont besoin de plus qu’un simple coup de chauffe de leurs billetteries. De fait, ils sont plus sensibles à la crise. Après la déroute du fleuron national belge Fortis, ce fut au tour en janvier de la banque flamande KBC de perdre, en quelques jours, la moitié de sa valeur boursière. Une nouvelle qui a inévitablement rejailli sur Brafa, gagnée par une certaine frilosité. « Les Belges sont extraordinairement inquiets, soulignait Vincent Amiaux, de la Galerie des Modernes (Paris). On a l’impression qu’ils viennent en se disant : “Surtout on n’achète rien”. » Pour le marchand Patrice Trigano (Paris), « ce n’était ni la catastrophe ni l’euphorie. Les gens savaient à quoi s’attendre. À partir du moment où ils ont fait leurs frais, ils sont contents. » Malgré l’attentisme crispé des clients belges encore sous le choc de leurs pertes boursières, la foire n’a pas dérogé à son esprit convivial et surtout à une organisation au cordeau saluée par l’ensemble des exposants. La majorité d’entre eux avaient d’ailleurs fait de gros efforts pour ne pas offrir des « stands de crise ». Bernard De Leye (Bruxelles) a ainsi déployé un magnifique cabinet religieux à partir du trésor d’un couvent fondé vers 1600 à Bruxelles, présentant notamment de remarquables chapes en fils d’or du XVIIe siècle. Si la moisson de l’art moderne n’était guère prolifique l’an dernier, le niveau s’est redressé cette année. Les amateurs auraient pu s’attarder sur un joli dessin de Foujita de 1917 chez Seghers (Bruxelles), une Pose Solitude en tension hiératique de Léon Spilliaert chez Anisabelle Berès (Paris), ou encore, à la Galerie des Modernes, un important projet d’affiches de Dalí pour le cycle systématique de conférences surréalistes. Difficile aussi d’oublier le portrait de Julien de la Doës par Ensor, aussitôt vendu par Sophie Scheidecker (New York), ou le cabinet des dessins de Klimt chez Éric Coatalem (Paris). Michel Zlotowski (Paris) fut bien avisé de présenter des œuvres difficiles comme un collage d’Anna Höch et un Sonia Delaunay atypique, deux spécimens rapidement cédés à des Belges. Patric Didier Claes (Bruxelles) a aussi eu raison de se retrousser les manches puisqu’il a vendu sept sculptures du Zaïre. Outre la qualité des pièces, la justesse des prix n’a pas été étrangère à sa réussite. « Les objets rares et de qualité ne doivent pas forcément coûter un million d’euros », observait le jeune marchand. Un sentiment partagé visiblement par Phoenix Ancient Art (Genève), lequel avait amené beaucoup de petits objets qui se sont correctement vendus dans une fourchette de 10 000  à 40 000 euros. Clairement, le nerf de la guerre se situe aujourd’hui dans cette gamme de prix. Présenter des petits objets sans jouer petit bras, montrer des choses de qualité mais à des tarifs raisonnables, telle est la subtile équation à laquelle les marchands devront désormais parvenir dans les foires.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°296 du 6 février 2009, avec le titre suivant : La qualité à un prix raisonnable

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