Art impressionniste et moderne

Petite cure d’amaigrissement

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 20 janvier 2009 - 686 mots

Christie’s et Sotheby’s ont resserré le contenu de leurs ventes, mais pas toujours les prix.

LONDRES - Comment les maisons de ventes vont-elles adapter leur activité à la conjoncture actuelle ? Les regards sont tournés vers Londres où une première session de ventes d’art impressionniste et moderne se tient du 3 au 5 février chez Christie’s et Sotheby’s. Première constatation : absence de prix garanti par les auctioneers et réduction de l’offre  aux catalogues, ce, en raison d’une plus grande sélectivité, mais aussi d’un déficit de vendeurs. Ainsi, Christie’s présente pour sa vacation de prestige 47 lots, soit la moitié moins qu’en février 2008. Tandis que seulement 30 lots sont à l’affiche chez Sotheby’s, contre 77 lots l’an passé. « Le succès de cette vente qui inaugure l’année 2009 est capital pour le marché. Nous l’avons construite de façon à restaurer la confiance auprès de nos acheteurs. Les œuvres présentées ont été dûment choisies et les estimations revues à la baisse par rapport à ce qu’on pouvait en attendre il y a six mois », indique Andrew Strauss, vice-président de Sotheby’s France et spécialiste international en art impressionniste et moderne. Thomas Seydoux, directeur du département international d’art impressionniste et moderne chez Christie’s, est plus nuancé sur l’homogénéité de sa vente. « Il s’agit encore d’une vente de transition, dans la mesure où nous n’avons pas toujours obtenu de la part de nos vendeurs leur accord pour une baisse des prix. Cela est plus difficile à renégocier lorsque les contrats de vente ont été établis l’été dernier, c’est-à-dire avant la crise. Nous avons une vingtaine de lots dans ce cas de figure. » Notamment, le lot phare, Dans la prairie (1876), chef-d’œuvre de Claude Monet, montré en 1877 lors de la troisième exposition consacrée aux peintres impressionnistes, a été évalué 15 millions de livres sterling (17 millions d’euros) six mois auparavant. Cette estimation conservatrice fera-t-elle bonne impression ? Issue de la même collection européenne, L’Abandon (1895), par Henri de Toulouse-Lautrec, composition de qualité muséale, reste aussi, à 5 millions de livres, estimée de manière soutenue. Négociée à la même période, La Cuirasse d’or, de Kees Van Dongen, une toile exceptionnelle par son sujet (le portrait d’une danseuse), son format (130 x 131 cm) et son année d’exécution (1907), a en revanche été ramenée à 1,5 million de livres quelques mois après son dépôt chez Christie’s par un propriétaire français de bonne volonté. Ce magnifique tableau inédit n’en est que plus désirable. Les 5,5 millions de livres demandés au minimum pour Les Couturières, tableau nabi d’Édouard Vuillard parfait dans son genre, semblent en revanche un peu excessifs. Le vendeur suisse est néanmoins assuré de le céder car, cas unique dans cette vente, il bénéficie d’une garantie par un tiers.
Chez Sotheby’s, l’œuvre emblématique d’Edgar Degas, Petite danseuse de 14 ans (1879-1881), appartenant au collectionneur britannique Sir John Madejski, est estimé 9 à 12 millions de livres. Un prix qui paraît élevé en comparaison des 5 millions de livres dépensées par son propriétaire pour l’acquérir le 3 février 2004 à Londres chez Sotheby’s. Très intéressante est la petite section de peintures allemandes et autrichiennes, dominée par Straßenszene (1913-1915), une scène de rue à Berlin par E. L. Kirchner, estimée 5 à 7 millions de livres. Ce tableau, qui est l’une des rares versions de ce sujet encore en mains privées, est resté chez l’artiste jusqu’à sa mort en 1938. Il a ensuite été conservé dans la même collection privée pendant près de soixante années, avant d’être adjugé au prix record de 1,9 million de livres le 24 juin 1997 à Londres chez Sotheby’s.
Notons encore Cariatide (1913), huile sur toile d’Amedeo Modigliani, estimée 6 à 8 millions de livres, provenant de l’ancienne collection André Lefèvre dispersée à Paris en 1966, ainsi qu’un beau tableau fauve très coloré d’André Derain, Environs de Collioure (1905), estimé raisonnablement 1,4  million de livres.

ART IMPRESSIONNISTE ET MODERNE (vente du soir), le 3 février à Londres, Sotheby’s, rens. 01 53 05 53 66, www.sothebys.com

ART IMPRESSIONNISTE ET MODERNE (vente du soir), le 4 février à Londres, Christie’s, rens. 01 40 76 85 85, www.christies.com

SOTHEBY’S
Expert: Melanie Clore
Estimation : 40 à 55 millions de livres (45 à 62 millions d’euros)
Nombre de lots : 30

CHRISTIE’S
Expert : Thomas Seydoux
Estimation : 60 à 84 millions de livres (67 à 93 millions d’euros)
Nombre de lots: 47

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°295 du 23 janvier 2009, avec le titre suivant : Petite cure d’amaigrissement

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