Des cimes aux cimaises

Comment peindre la montagne

Le Journal des Arts

Le 27 février 1998 - 323 mots

À travers une soixantaine de tableaux et plusieurs dizaines de dessins provenant de collections du monde entier, le Musée de Grenoble esquisse une ambitieuse histoire esthétique du paysage de montagne, depuis l’apparition du genre, vers la fin du XVIIIe siècle, jusqu’au début du XXe siècle.

GRENOBLE - Effrayante et inaccessible, la montagne n’attire guère les artistes avant la fin du XVIIIe siècle. À la faveur des textes de Rousseau, d’une nouvelle sensibilité au lyrisme violent de certains paysages et des premières explorations scientifiques dans les massifs pyrénéens et alpins, quelques peintres, tel Caspar Wolf, découvrent ce motif inédit. Il sera ensuite décliné sous différentes formes durant deux siècles.

La mouvance romantique, de Caspar David Friedrich à Gustave Doré, insiste sur la démesure et le tragique latent de la montagne, à laquelle elle donne une portée symbolique, voire mystique. Cette approche est sensible dans les dessins et aquarelles d’Eugène Viollet-Le-Duc, comme chez le critique d’art anglais John Ruskin qui qualifiait les sommets de “cathédrales de la terre”.

Turner, au cours de ses pé­riples en Écosse et sur le Continent, s’intéresse davantage à la poésie lumineuse des reliefs, tout en soulignant leur caractère sublime. Ses travaux an­noncent les expérimentations impressionnistes, illustrées ici par des toiles de Monet. Les recherches proprement picturales se multiplient au tournant du siècle. Vallotton, Cézanne ou encore les expressionnistes Kan­dinsky, Jawlensky et Kirchner exploitent pleinement les volumes accidentés de la montagne. Parallèlement, celle-ci exerce aussi sa fascination sur des artistes réalistes, de l’école de paysage américaine – avec notamment Thomas Cole – à l’école dauphinoise, qui privilégie une précision photographique.

Ambitieuse, l’exposition de Grenoble dresse un large panorama chronologique et géographique du genre, surtout à son âge d’or : le XIXe siècle.

LE SENTIMENT DE LA MONTAGNE, 1er mars-1er juin, Musée de Grenoble, 5 place de Lavalette, tél. 04 76 63 44 44, tlj sauf le mardi et le 1er mai 11h-19h, le mercredi 11h-22h, entrée 25 F. Catalogue 295 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°55 du 27 février 1998, avec le titre suivant : Des cimes aux cimaises

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