Vent de folie sur New York

La vente Windsor a plus que triplé son estimation haute

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 13 mars 1998 - 505 mots

Le duc et la duchesse de Windsor continuent de faire vibrer les cœurs. Les 44 000 souvenirs provenant de leur hôtel particulier parisien se sont arrachés à prix d’or lors de la vacation organisée par Sotheby’s à New York du 19 au 27 février.

NEW YORK - Très critiquée pour ses frasques par la presse et l’opinion, la famille royale britannique n’en continue pas moins de faire l’objet de témoignages de sympathie surprenants. Au baromètre des cotes de popularité, ce sont les plus turbulents ou marginaux de ses enfants qui réalisent les meilleurs scores, à l’exemple de Diana, harcelée et admirée de son vivant, qui est véritablement adulée depuis sa disparition tragique. Même témoignage de ferveur et de vénération aujourd’hui pour l’ancien roi Édouard VIII, devenu duc de Windsor. Soixante-deux ans après son abdication, le fils de George V, qui, le 11 décembre 1936 – après dix mois de règne –, a renoncé à la couronne pour épouser une Américaine deux fois divorcée, a été plébiscité par le public lors d’une vente qui s’est tenue à New York du 19 au 27 février. Organisée par Sotheby’s à la demande de Mohammed al-Fayed, propriétaire de l’hôtel particulier parisien des Windsor dont il a racheté le contenu après la mort de la duchesse en 1986, la dispersion devait être réalisée au bénéfice de fondations caritatives soutenues par son fils Dodi et la princesse Diana. Les collectionneurs, marchands avisés et curieux ne se sont pas fait prier. Trente mille personnes sont venues visiter l’exposition précédant la vente. Les 44 000 souvenirs du duc et de la duchesse, réunis en 32 000 lots, ont tous trouvé preneur, à l’exception de trois d’entre eux. Résultat ? Un chiffre d’affaires qui a bouleversé toutes les prévisions en atteignant 23,4 millions de dollars (environ 140 millions de francs), plus de trois fois l’estimation haute.
Les fans, groupies et autres fétichistes s’en sont donnés à cœur joie. Par exemple, ce couple qui avait fait le voyage depuis San Francisco, reparti quelques heures plus tard, après avoir déboursé 30 000 dollars (180 000 francs), avec la boîte renfermant une part du gâteau de mariage des Windsor. William May, un compositeur et écrivain new-yorkais, a pour sa part signé un chèque de près 5 500 dollars pour s’approprier une lettre  adressée par Mrs Simpson au prince de Galles, en 1935 : “Dieu bénisse WE (Wallis Edward). Bonne nuit. Signée Le Gardénia”.

Un mouchoir en soie, sur lequel était imprimé le discours prononcé par le roi Édouard VIII lors de son abdication, est parti à 25 300 dollars (environ 140 000 francs). Il ira rejoindre les collections permanentes d’un musée américain.

Le plus beau résultat de la vente a été enregistré par un portrait équestre du jeune prince de Galles âgé de 27 ans, peint par Sir Alfred Munning. Estimé 800 000 dollars, il a été adjugé 2,3 millions (près de 14 millions de francs), le bureau sur lequel a été signé l’acte d’abdication s’arrachant quant à lui à 415 000 dollars (2,5 millions de francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°56 du 13 mars 1998, avec le titre suivant : Vent de folie sur New York

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