Magritte : la rétrospective et ses prolongements

Deux regards complémentaires

Le Journal des Arts

Le 27 mars 1998 - 500 mots

En marge de la rétrospective Magritte, une multiplicité de manifestations va rendre compte des faces cachées du Surréalisme et de sa descendance. Deux expositions méritent le détour : l’une pour découvrir l’ultime Magritte, l’autre pour aller au-delà du peintre et fouiller son héritage.

BRUXELLES (de notre correspondant). Commençons par l’exposition de la galerie Brachot qui, aux portes des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, offre un prolongement intimiste à la rétrospective en présentant les photographies personnelles de Magritte ainsi qu’une importante série de croquis. Il s’agit en fait des derniers dessins réalisés par l’artiste peu avant sa mort. La suite de projets pour des peintures qui s’y déploie révèle quelques thèmes nouveaux, comme ces compositions théâtrales qui devaient mettre en scène les bouteilles peintes en forme de femme. Magritte y témoigne d’un travail précis dans le jeu des analogies et des références qui passent d’une toile à l’autre. À côté de ces croquis, quelques toiles et dessins permettent d’évaluer la progression d’un univers poétique pour lequel dessiner revient à nommer.
Les photographies réunies, dont quelques-unes sont connues, méritent elles aussi le détour puisqu’elles viennent en droite ligne de la succession Magritte. On y retrouve les grandes étapes de l’aventure surréaliste, de nombreux portraits de Magritte et de Georgette, celle pour qui il aspirait à “une existence rangée” et “bourgeoise”, selon les termes d’une lettre à Pierre Bourgeois visible à l’exposition.

Les sculptures
À Ostende, Willy Van den Bussche s’attaque à la délicate question de l’héritage Magritte. Délaissant à la fois le panorama historique du Surréalisme belge, la filiation conceptuelle et la descendance immédiate des années soixante-dix assumée par Broodthaers, les organisateurs se sont concentrés sur les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Le parcours de l’exposition débute avec les sculptures en bronze. Créées entre janvier et juin 1967, vues et corrigées dans la cire par Magritte, elles ont été tirées à titre posthume. À partir de ce lien, Willy Van den Bussche a organisé son périple autour de thèmes qui renvoient à l’ascendant conceptuel, mais aussi à une “dérive poétique” du langage pictural de Magritte. Le rêve, l’aliénation, le mystère, l’objet à découvrir, la surprise, le transformisme, le déplacement, la rencontre insolite, l’ambiguïté poétique, les modalités du visible, la relation avec le cinéma, l’image trouvée ou la logique de l’absurde sont autant de clés qui permettent la rencontre de Tony Cragg et de Georg Baselitz, d’Hamilton Finlay et de Tony Oursler, de Jacques Charlier et de Sandro Chia, de Jeff Koons et de Bill Woodrow. Un pêle-mêle, penseront certains à voir la liste immense des participants. D’autres y trouveront un point de convergence qui fait la part belle à la peinture en tant que telle.

MAGRITTE ET L’ART CONTEMPORAIN, 4 avril-28 juin, Provinciaal Museum voor Moderne Kunst, 11 Romestraat, Ostende, tél. 32 59 56 45 99, tlj sauf lundi 14h-18h. Catalogue.

HOMMAGE À MAGRITTE 1898-1967, jusqu’au 31 mai, Galerie Christine et Isy Brachot, 8 rue Villa Hermosa, Bruxelles, tél. 32 2 511 05 25, du mardi au samedi 11h-12h30 et 14 h-18h. Catalogue.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°57 du 27 mars 1998, avec le titre suivant : Deux regards complémentaires

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