Le pinceau et le caducée

La médecine selon les peintres du XVIIe siècle

Le Journal des Arts

Le 27 mars 1998 - 366 mots

Autour de deux disciplines fort différentes – l’art et la médecine –, le Palazzo Venezia rassemble une série de tableaux du XVIIe siècle évoquant la maladie et les divers moyens, scientifiques ou miraculeux, d’en guérir et de s’en protéger.

ROME (de notre correspondant) - “Le XVIIe siècle représente, pour la science et la médecine, une phase de transition d’un intérêt extraordinaire par la ferveur que génère l’application de la nouvelle science galiléenne, explique Luciana Rita Angeletti, directrice de l’Institut supérieur d’histoire de la médecine de l’université La Sapienza, à Rome. Les phénomènes naturels ne sont plus seulement observés comme objets de théorie, mais vérifiés par l’expérimentation au moyen d’instruments appropriés, afin d’en déduire des lois générales”. À l’aube de sa modernité, la médecine fait de prodigieux progrès, autant dans le domaine théorique que dans celui de l’instrumentation, avec l’invention du microscope. Elle devient une véritable “science”.

L’exposition du Palazzo Venezia montre comment, durant cette période ravagée par les épidémies, cohabitent des pratiques totalement opposées. Outre la médecine officielle la plus évoluée – illustrée par la reconstitution d’un cabinet médical et d’une épicerie d’époque –, prospèrent le fanatisme religieux, la superstition et les traditions populaires. La peinture reflète comme un miroir fidèle l’inévitable voisinage, qui deviendra au siècle suivant une déchirure incurable, entre la science et la foi dans toute l’Europe.

Les sujets médicaux – la Leçon d’anatomie de Bartolomeo Passerotti, Le médecin de Gerrit Dou, les Deux tables didactiques de myologie humaine d’auteur inconnu – côtoient des représentations de la peste par Orazio Borgianni, Antonio Zanchi et Tanzio da Varallo, et de divers types de maladies ou malformations.

D’autres tableaux ont été regroupés autour des figures de saints thaumaturges, seuls ou accomplissant leurs guérisons miraculeuses, tels saint Sébastien, saint Roch ou Charles Borromée. Parmi les œuvres exposées, figurent notamment le Petit Bacchus malade de Caravage et La femme à barbe et son mari par Jusepe de Ribera, ainsi que des toiles du Domi­niquin, d’Artemisia Genti­leschi, Battistello Caracciolo, Guido Reni, Mattia Preti, Luca Giordano et Sebastiano Ricci.

SCIENCE ET MIRACLES DANS L’ART DU XVIIe SIÈCLE, jusqu’au 2 juin, Palazzo Venezia, Via del Plebiscito 118, Rome, tél. 39 6 679 88 65, tlj sauf lundi 9h-14h, dimanche 9h-13h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°57 du 27 mars 1998, avec le titre suivant : Le pinceau et le caducée

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