Art contemporain

Sanctions et consolidations

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 6 janvier 2009 - 495 mots

Les acheteurs d’art contemporain sont de plus en plus sélectifs dans les ventes publiques.

PARIS - Avec la crise, les amateurs d’art contemporain sont moins enclins à l’achat d’une Nurse de Richard Prince ou d’une huile de Francis Bacon, proposés en lot vedette respectivement chez Christie’s et Sotheby’s à Paris les 9 et 10 décembre. Est-ce une œuvre importante ? Y aura-t-il d’autres opportunités de voir une pièce de cette qualité sur le marché dans les mois à venir ? Le prix est-il raisonnable ? Telles sont les questions que collectionneurs et marchands se posent avant d’enchérir. Pour The Taming of nurse conway de Prince, le marché n’a pas bougé, jugeant l’estimation de 2 à 3 millions d’euros délirante. Chez Sotheby’s, la toile de Bacon (1), de qualité moyenne, n’a pas eu plus de chance à 5 millions d’euros d’estimation basse. « Dans un climat difficile, vendre une œuvre pour des millions d’euros reste possible si la pièce en question est parfaite et irrésistible, reconnaît Grégoire Billault qui dirige le département d’art contemporain de Sotheby’s France. C’était le cas du tableau de Pierre Soulages qui avait tout pour lui : la force de la composition aux effets plastiques puissants ; la présence de ce bleu cobalt si rare à la fin des années 1950 ; de grandes dimensions ; un état de conservation irréprochable et une belle provenance. » Pour cette exceptionnelle peinture de 1958 défendue par quatre enchérisseurs dont la galerie parisienne Lansberg (l’acquéreur), les enchères sont montées à 1,5 million d’euros, un record pour Soulages. « Le marché va dans le bon sens en consolidant certaines valeurs et en sanctionnant d’autres », commente le marchand Franck Prazan.
Chez Christie’s, Not much to look at (Nu) de Jean Fautrier a été ravalé sous l’estimation basse de 350 000 euros, alors que ce même tableau s’était envolé à 516 000 euros deux ans plus tôt à Paris chez Sotheby’s. Une petite composition de Nicolas de Staël de qualité moyenne, estimée 150 000 euros, n’a pas trouvé preneur chez Sotheby’s tout comme une composition de Hans Hartung chez Christie’s, estimée pour le même montant. Une toile d’Hartung de plus belle facture, estimée 100 000 euros, s’est vendue 154 350 euros chez Sotheby’s. Estimée 220 000 euros, une peinture signée Zao Wou-ki, dominée par une zone blanche peu esthétique, a été boudée à la galerie Charpentier. Tandis qu’avenue Matignon, une toile de l’artiste partait à 181 000 euros, dans son estimation. Toujours chez Christie’s, un collectionneur français s’est réjoui d’avoir emporté Papa la cravate (1973), rare sculpture-volume de Jean Dubuffet, pour 367 000 euros, au double de l’estimation basse.

(1) Tableau vendu en after sale.

Christie’s, le 9 décembre
Résultats : 7 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 138/89
Lots vendus : 61 %
Pourcentage en valeur : 55 %

Sotheby’s, le 10 décembre
Résultats : 6,2 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 102/38
Lots vendus : 73 %
Pourcentage en valeur : 48 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°294 du 9 janvier 2009, avec le titre suivant : Sanctions et consolidations

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