Des maîtres très courtisés

Les œuvres inconnues du trésor des Jésuites d’Anvers

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 10 avril 1998 - 496 mots

La vente de tableaux de maîtres anciens qui s’est déroulée à Anvers, le 30 mars, a réalisé un produit total de 80 millions de francs belges (12 millions de francs français). Parmi les 177 lots de la vacation, organisée par l’hôtel des ventes Bernaerts, figuraient environ 80 tableaux qui appartenaient à une compagnie de Jésuites. Dix toiles de maîtres du XVIIe, dont l’existence n’était pas connue, ont suscité la convoitise des grands musées et collectionneurs. Dix pour cent seulement des lots ont été ravalés.

ANVERS. Son visage rayonne, empreint de douceur et de sérénité. Il illumine tout le tableau. Ni les Mages qui se pressent autour d’elle, ni les anges qui esquissent dans un ciel tourmenté un gracieux ballet ne semblent pouvoir troubler la bienheureuse quiétude de Marie et sa contemplation de l’Enfant Jésus. L’Adoration des Mages, un grand retable de Hendrick Van Baelen (1575-1632), qui fut le maître de Van Dyck, était un des points forts de la vacation. Il est parti à 6,5 millions de francs belges (1 million de francs français), réalisant ainsi la meilleure enchère. Cet ensemble de 177 œuvres dispersées le 30 janvier à Anvers – principalement des scènes bibliques, des bacchanales, des natures mortes et des portraits – ne comprenait ni Ru­bens, ni Van Dyck. Ce qui ne l’a pas empêché de figurer dans le peloton de tête des plus importantes collections jamais mises en vente en Belgique. Les 80 tableaux de maîtres anversois du XVIIe siècle reposaient depuis plus de cent ans dans un couloir poussiéreux du collège des Jésuites d’Anvers. Ces œuvres en assez bon état, privées d’étude scientifique et jamais répertoriées, ont aiguisé la curiosité des collectionneurs et conservateurs de musées venus de plusieurs pays d’Europe (Alle­magne, France, Italie, Portugal) et d’Australie. Ces derniers ont manifesté un grand intérêt pour une œuvre de Frans Floris (1516-1570), Caïn et Abel, vendue 2,8 millions de francs belges (430 000 francs français). La réplique de ce tableau – jusqu’alors inconnu et aujourd’hui identifié comme étant une copie – est exposée au Musée royal des beaux-arts de Copen­hague. Parmi les autres pièces prestigieuses, figuraient la Dernière Cène de Pieter Aertsen, adjugée 3,2 millions de francs belges (492 000  francs français), et une scène de Combat naval d’Andries van Eertvelt (1590-1562), qui a trouvé acquéreur à 2,6 millions de francs belges (400 000 francs français).

D’autres œuvres anversoises du XVIIe siècle
Outre les tableaux ayant appartenu aux Jésuites, la vacation comprenait  des œuvres majoritairement anversoises du XVIIe siècle, comme ces deux panneaux miniatures de Marcellus Coffermans (1549-1578) représentant la Vierge Marie et l’Ange de l’Annonciation, ce calvaire d’Am­brosius Benson (1495-1550), ou encore cette Scène de bataille près des ruines de Sébastian Vrancx (1573-1647), emportée pour 4,6 millions de francs belges (700 000 francs français). L’auteur, qui a surtout peint des scènes d’attaques de hameaux ou de villages, a été influencé par Pieter Bruegel l’Ancien. La multitude des personnages, leur disposition très étudiée, ainsi que la profondeur de champ de la scène en témoignent.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°58 du 10 avril 1998, avec le titre suivant : Des maîtres très courtisés

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