Le dernier adieu du sultan

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 24 avril 1998 - 412 mots

Réunies en un seul catalogue, deux vacations d’art ottoman et d’Orient, comprenant des pièces provenant de la collection de l’arrière-petite-fille du sultan turc Abdul Hamid II, ont eu lieu, les 6 et 7 avril, à Drouot. Trois sceaux ont provoqué un léger incident.

PARIS - Livres, manuscrits, miniatures, porcelaine, mobilier, ces quelques objets emportés par le sultan Abdul Hamid II, détrôné en 1909, puis exilé à Salonique, ont accompagné sa descendance d’Istanbul à Salonique, avant de finir leur course à Drouot. La première dispersion de ces souvenirs, en juillet 1996, ayant connu un grand succès, son arrière-petite-fille a mis en vente, le 6 avril, le reste de sa collection, soit quarante lots. Le signataire du sultan, un porte-documents recouvert de velours vert sur lequel figurent les armoiries impériales, a fait l’objet d’une belle bataille d’enchères. Estimé 20 à 25 000 francs, il a été adjugé 600 000 francs sans les frais. Trois sceaux du sultan ont été au cœur d’un incident. Le matin de la vacation, l’expert Jean Soustiel a reçu une télécopie émanant de l’ambassade turque, lui intimant de ne pas les mettre en vente. Me Wapler n’a pas tenu compte de cette injonction et a procédé à leur adjudication, arguant du fait qu’ils étaient la propriété de personnes privées : l’un d’entre eux, en cristal de roche taillé à trois faces, a été adjugé 220 000 francs, et un autre, carré à pans coupés en cristal, 260 000 francs. L’acquéreur a indiqué qu’il ferait don des trois sceaux à l’État turc. Le portrait officiel du sultan, peint au palais de Yildiz par le prince Abdulmedjid Efendi qui sera le dernier calife ottoman, a été enlevé à 100 000 francs. La deuxième partie de la vente était consacrée notamment à des bijoux ottomans : un diadème en or et argent pavé de diamants est parti à 650 000 francs.

Le 7 avril, Me de Ricqlès dispersait un ensemble d’arts de l’Orient comprenant des livres, manuscrits, cartes, miniatures persanes et indiennes, et autres meubles et textiles. Un manuscrit persan illustré de 33 miniatures, vers 1490, s’est vendu 252 000 francs sans les frais. Une pièce très rare, dessinée à la plume et rehaussée d’aquarelle, représentant le plan du Taj Mahal, a été adjugée 110 000 francs. En revanche, le plat Lakabi à la pintade, exceptionnelle céramique à pâte siliceuse (Mésopotamie, XIIe siècle) – une des plus belles pièces de la vacation –, estimée 400 à 600 000 francs, n’a pas trouvé preneur.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°59 du 24 avril 1998, avec le titre suivant : Le dernier adieu du sultan

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