Une peinture française

Supports/Surfaces à l’heure du bilan.

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 9 mai 1998 - 453 mots

La fermeture du Centre Georges Pompidou donne l’occasion de découvrir, dans des contextes inédits et des accrochages thématiques, la collection du Musée national d’art moderne. Après plusieurs expositions d’art du XXe siècle en province, Paris accueille les “Années Support/Surfaces�? à la Galerie nationale du Jeu de Paume.

PARIS - De Nantes à Saint-Étienne, Supports/Surfaces est l’un des mouvements artistiques des années soixante-dix les mieux représentés dans les musées français. Le Musée national d’art moderne n’échappe pas à la règle.

En janvier 1967, au XVIIIe Salon de la Jeune peinture, puis le 2 juin de la même année au Musée des arts décoratifs, Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni affirmaient l’anonymat du geste pictural et prônaient en quelque sorte le degré zéro de la peinture. Parallèlement, un certain nombre de peintres, originaires pour la plupart du sud de la France, ont mené des recherches sur la matérialité de la peinture, et travaillé notamment à partir du support, de la toile, du châssis. Jouant sur la construction et la destruction de la toile, ils se sont emparés du tissu, le pliant, l’agrafant, mettant à nu le châssis, tressant et peignant. Le tableau ne se réduisait plus à une simple surface recouverte de pigments, mais devenait un lieu d’exploration de la matière, puisqu’il offrait un espace malléable ouvrant volontiers sur la troisième dimension. Même si quelques-uns ont exposé – par exemple en 1969, dans les rues du village de Coaraze –, le groupe ne s’est réellement constitué qu’en 1970, autour de Vincent Bioulès, Marc Devade, Daniel Dezeuze, Patrick Saytour, André Valensi et Claude Viallat, à l’occasion de l’exposition qui les réunissait à l’Arc. D’autres artistes, tels Noël Dolla, André-Pierre Arnal, Toni Grand ou Jean-Pierre Pincemin, les ont ensuite rejoints. L’exposition du Jeu de Paume réunit soixante-quatre œuvres réalisées à partir de 1966 et durant toute la première moitié des années soixante-dix. Elle s’ouvre également à des créateurs qui n’ont jamais intégré le groupe mais ont en partie partagé ses problématiques, à l’exemple de Jaccard, Meurice, Rouan ou Buraglio.

Malgré le soutien inconditionnel de quelques revues et une très rapide reconnaissance institutionnelle – d’ailleurs, au détriment d’artistes qui allaient avoir une influence bien plus déterminante sur les générations suivantes –, le mouvement Supports/Surfaces est resté circonscrit à la France et n’a eu que peu d’échos à l’étranger. Après Paris, l’exposition devrait connaître une circulation internationale. Gageons que les amateurs d’art de ces villes-étapes sauront apprécier le mouvement français à sa juste valeur.

LES ANNÉES SUPPORTS/SURFACES DANS LES COLLECTIONS DU CENTRE GEORGES POMPIDOU, 19 mai-30 août, Galerie nationale du Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris, tél. 01 42 60 69 69, tlj sauf lundi 12h-19h, samedi et dimanche 10h-19h, mardi 12h-21h30.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°60 du 9 mai 1998, avec le titre suivant : Une peinture française

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