La « Madeleine » de La Tour sort de sa pénitence

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 9 mai 1998 - 357 mots

Avec Poussin, Georges de La Tour est l’un des grands peintres français qui suscitent des découvertes, passionnant – voire divisant – amateurs, historiens, experts, et dont les enjeux financiers peuvent être considérables. Le 23 juin, une Madeleine pénitente va réapparaître sur le marché français sous la signature de La Tour, avec une estimation de 10 à 12 millions de francs, alors qu’elle avait été adjugée comme une toile anonyme quelques milliers de francs, dix-sept ans plus tôt, et s’était ensuite retrouvée au cœur d’un imbroglio judiciaire.

PARIS - Du devant de cheminée au devant de la scène : avant de passer sous le feu des enchères, La Madeleine pénitente a été encrassée par des années de feux de cheminée chez un particulier qui ignorait posséder un La Tour. Elle est ensuite tombée entre les mains d’un marchand peu scrupuleux, qui l’a enlevée à son propriétaire français pour la revendre secrètement à un Américain. La toile a eu les honneurs de la rétrospective La Tour organisée par la National Gallery de Washington, en 1997, avant que ses copropriétaires ne tombent d’accord pour la remettre aux enchères.

La Madeleine pénitente se rapprocherait stylistiquement du Saint Jean-Baptiste dans le désert qui a, lui aussi, défrayé la chronique. Totalement inconnu, présenté à Drouot Richelieu le 28 octobre 1993 dans une vente sans expert et sans catalogue, il avait fait sensation tant auprès des marchands que des conservateurs. Retiré de la vacation, il a fait l’objet de longues négociations entre ses propriétaires et la Direction des Musées de France (DMF), mais elles ont échoué. Ceux-ci ont alors confié le tableau à Sotheby’s, qui l’a estimé à 20-25 millions de francs. Le tableau est interdit de sortie du territoire par Jacques Toubon : “Dans l’œuvre déjà rare de l’artiste, cette toile est unique par sa grande originalité, qui la situe entre les œuvres dites “diurnes” et les œuvres dites “nocturnes”, écrivait le ministre de la Culture de l’époque pour justifier son maintien en France. Le 2 décembre 1994, le tableau était préempté 11,1 millions de francs par la DMF, au profit du Conseil général de la Moselle. Quel épilogue connaîtra La Madeleine ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°60 du 9 mai 1998, avec le titre suivant : La « Madeleine » de La Tour sort de sa pénitence

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