ENTRETIEN

Geoffroy Ader, directeur du département de haute horlogerie chez Sotheby’s, Genève

« Grâce à ma spécialité, je me suis fait un prénom ».

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 décembre 2008 - 646 mots

Geoffroy Ader dirige le département de haute horlogerie chez Sotheby’s Genève, un secteur qui résiste à la crise.

Alors que le marché des bijoux à Genève a subi en novembre les effets de la crise, celui des montres de collection semble plus stable. Comment expliquez-vous cela ?
Pour la première fois, quatre maisons de ventes ont proposé cette saison plus de 2 000 montres sur le marché genevois. Au final, toutes ont bien vendu. En novembre à Genève, il s’est pratiquement vendu autant de montres (46,6 millions de francs suisses/30,4 millions d’euros) en valeur que de bijoux (49,3 millions de francs suisses/32,1 millions d’euros).
Chez Sotheby’s, l’année 2008 a été particulièrement exceptionnelle dans le secteur de l’horlogerie sur la place genevoise, avec 17,7 millions de francs suisses (11,5 millions d’euros) de produit de ventes. Historiquement, c’est une année record pour nous, et ce, malgré les soubresauts de la Bourse. Ce qu’il faut retenir de ces résultats, c’est la détermination et la passion des collectionneurs, très nombreux dans ce domaine. Nous bénéficions bien évidemment du dynamisme de la ville de Genève, qui reste « La Mecque  » de l’horlogerie. Les plus grands musées horlogers y ont leur siège comme les plus grandes marques commerciales que sont Patek Philippe et Rolex.

Quelle est la spécificité de Sotheby’s sur ce marché ?
Nous nous intéressons aux pièces d’horlogerie de toutes époques, du XVIIe siècle aux années 2000, et pas uniquement aux montres-bracelets même si elles constituent la part la plus active de ce marché. La politique de la maison nous pousse par ailleurs à être extrêmement sélectifs sur le choix des pièces. Nous proposons beaucoup moins de lots que nos concurrents. L’objectif est avant tout qualitatif. Le 16 novembre à Genève, nous avons adjugé les deux plus belles montres-bracelets de la saison.

Qu’avaient de spécial ces montres-bracelets?
La Patek Philippe réf. 3448, fabriquée au début des années 1970, était un modèle unique. C’est la première montre-bracelet dotée d’un calendrier perpétuel avec les années bissextiles. Pour cette pièce exceptionnelle, qui a servi de prototype aux montres-bracelets Patek Philippe de ce type réalisées par la suite, nous avions fait faire un catalogue à part. Elle est partie à 1,84  million de francs suisses (1,2 million d’euros). La Patek Philippe réf. 2499R était ce que j’appellerais un best-seller. La référence 2499 renvoie aux premières montres chronographes à calendrier perpétuel conçues par la marque horlogère. Celle que nous avons vendue pour 1,67 million de francs suisses (1 million d’euros) fait non seulement partie de la première série de ce type, mais elle est l’un des quatre exemplaires produits en or rose.

Avec la crise, le comportement des acheteurs a-t-il changé ?
La qualité et la rareté des pièces restent des critères déterminants pour les collectionneurs. En ces temps moins euphoriques, les clients sont plus pointilleux sur l’état de conservation. Par exemple, ils n’achèteront pas une montre dont le cadran n’est pas d’origine, sauf décote importante d’environ 30      %. Le marché des montres Rolex, dont l’engouement est assez récent pour certains modèles, risque de connaître quelques réajustements de prix. Je pense par exemple aux montres sportives telles les différentes variantes de Submariner.

Il y a un an, vous dirigiez le département horlogerie de la maison Tajan à Paris. Que vous apporte votre nouvelle situation à Genève, hormis une position privilégiée, au cœur du marché horloger ?
En évoluant dans un marché très concurrentiel, la compétition est stimulante. Elle permet notamment de se surpasser afin de fournir le meilleur service à chaque client. À Genève, je tiens le marteau en tant qu’auctioneer, ce que je ne pouvais faire à Paris. C’est important car cela me permet d’accompagner nos clients jusqu’au bout du processus de vente. Enfin, alors que beaucoup de personnes m’ont longtemps vu comme le petit-fils du commissaire-priseur Étienne Ader, ou encore comme le fils d’Antoine Ader, aujourd’hui grâce à ma spécialité, je me suis fait un prénom.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°293 du 12 décembre 2008, avec le titre suivant : Geoffroy Ader, directeur du département de haute horlogerie chez Sotheby’s, Genève

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