Musée

Hauts-de-Seine

Nouvelles ambitions

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 9 décembre 2008 - 589 mots

Le département entend amplifier sa politique culturelle, en particulier à Boulogne-Billancourt

BOULOGNE-BILLANCOURT - D’ici peu, le Musée départemental Albert-Kahn, coincé derrière la voie rapide des bords des Seine à Boulogne-Billancourt, devrait devenir l’un des jalons de la nouvelle « Vallée de la culture ». Un projet cher à Patrick Devedjian, président (UMP) du conseil général des Hauts-de-Seine. Réputé pour ses jardins et sa prestigieuse collection composée de 72  000 autochromes –  les premières photographies en couleurs inventées par les frères Lumière – et de films muets commandés entre 1908 et 1931 par le banquier philanthrope Albert Kahn (1860-1940), le lieu, racheté à l’encan en 1936 par le département de la Seine après la faillite de son propriétaire, souffre aujourd’hui de son manque d’équipements. Il vient pourtant de franchir la barre des 90 000 visiteurs annuels. « La collection n’a pas le rayonnement qu’elle mérite », a regretté Patrick Devedjian lors d’une récente réunion au musée. Peu après son élection, en juin 2007, celui-ci exprimait sa volonté de lancer de grands travaux sur le site. «  Nous souhaitons y construire un musée très moderne, de style japonais [sic], et améliorer la conservation de la collection dans un musée digne de ce nom », a poursuivi le président du conseil général. Protégée au titre des monuments historiques, la collection d’autochromes est aujourd’hui conservée «  dans des conditions qui répondent aux normes  », d’après son directeur, Gilles Baud-Berthier, mais dans un bâtiment situé en bord de Seine et donc exposé aux risques de très fortes crues. Les films originaux ont quant à eux été transférés aux Archives françaises du film, à Bois-d’Arcy (Yvelines).

Requalification des berges
Le nouveau bâtiment, qui fera l’objet d’un concours international, devrait s’élever sur plusieurs étages le long de la rue du Port, sur une emprise foncière appartenant déjà au département. Il devrait comprendre une salle de consultation des autochromes (dont la numérisation sera achevée en 2013), des salles d’exposition, un auditorium, des boutiques et un restaurant. L’actuel bâtiment, construit en 1990, serait transformé en bibliothèque. Le projet prévoit également de reconstruire à l’identique une pagode et un cottage du jardin détruits lors d’un incendie dans les années 1950, et de réhabiliter la grande serre ou palmarium. En cours d’étude, le projet n’a pas encore été chiffré. « Ce n’est pas une question de financement mais de réflexion, a souligné Patrick Devedjian. Nous souhaitons engager un processus de qualité pour lequel nous ne ferons pas d’erreur. Nous prendrons le temps qu’il faudra. » Le département a en effet décidé de miser sur la culture en développant un projet de « Vallée de la culture », lequel consistera à mettre en synergie plusieurs équipements culturels bordant la Seine. Outre le Musée Albert-Kahn seraient concernés la Manufacture et le Musée national de céramique de Sèvres (lire l’encadré), le parc de Saint-Cloud – propriété de l’État que le département aimerait reprendre en gestion –, mais aussi le pôle culturel de l’île Seguin, dont le département est cofinanceur. « Le projet de Pierre-Chistophe Baguet [maire (UMP) de Boulogne] n’est pas encore arrêté, mais il me semble plus intéressant que le précédent », a précisé Patrick Devedjian. L’ensemble s’inscrirait dans une vaste opération de requalification des berges, étranglées par un réseau routier anarchique. Pour le département le plus riche de France, la culture est donc enfin annoncée comme une priorité. En 2008, seuls 13 millions d’euros, hors investissements, lui étaient consacrés sur le 1,7 milliard de budget départemental.

Musée départemental Albert-Kahn, 14, rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt, tél. 01.55.19.28.00, tlj sauf lundi 11-18h.

Un établissement public à Sèvres

En avril 2008, la ministre de la Culture, Christine Albanel, l’avait présentée comme l’une des mesures de la révision générale des politiques publiques (RGPP) : le Musée national de céramique de Sèvres et la manufacture de porcelaine, installés sur un même site, devront être réunis sous le statut d’établissement public. Mais elle s’était bien gardée de préciser de quel type d’établissement public il s’agirait. La nouvelle est venue de l’un des principaux intéressés : Patrick Devedjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine. Le 25 novembre, ce dernier a reconnu avoir sollicité l’État pour devenir partenaire dans le cadre d’un établissement public de coopération culturelle (EPCC). « L’État met très peu d’argent dans ce lieu formidable, l’un des derniers où l’on fabrique encore la porcelaine à la main », a déploré Patrick Devedjian. « Les discussions sont bien engagées avec la ministre », nous a confirmé un membre de l’équipe du conseil général.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°293 du 12 décembre 2008, avec le titre suivant : Nouvelles ambitions

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