Mystère et magie africaines

L’art Kongo s’expose à la galerie Leloup

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 19 juin 1998 - 468 mots

Hélène et Philippe Leloup proposent jusqu’au 18 juillet, dans leur galerie du quai Malaquais, vingt-cinq pièces d’art Kongo. Celui-ci, l’un des plus féconds d’Afrique centrale, s’est épanoui notamment au Congo, en Angola et au Gabon.

PARIS - “L’art Kongo est un art réaliste, mais aussi le support de réalités spirituelles. Les fétiches des statues servaient à protéger leurs propriétaires contre la sorcellerie et à participer au monde fascinant et redoutable des esprits et des ancêtres, d’où l’attitude hostile ou bienveillante de certaines représentations”, explique Philippe Leloup. Cet art s’est développé sur un vaste territoire correspondant au royaume de l’ancien Congo, découvert par les Portugais à la fin du XVe siècle, aujourd’hui divisé en cinq pays : la République démocratique du Congo, la République populaire du Congo, la République d’Angola, le Cabinda et la République du Gabon. L’exposition-vente organisée par la galerie Leloup en liaison avec le Frère Joseph-Aurélien Cornet, spécialiste de l’Afrique centrale et ancien directeur du Patrimoine au Zaïre, propose une quinzaine d’objets en bois et six pièces en ivoire, essentiellement centrés sur les styles Vili, Yombe et Sundi.

Les objets en bois intègrent fréquemment d’autres matériaux – clous, métal, verre ou tissu – et représentent souvent des figures humaines. Ainsi, ce fétiche à clous (Vili) comprend de nombreuses adjonctions, comme un collier en fer auquel est suspendu une vannerie. Sous les bras du personnage sont placés deux fragments de roseau enveloppés dans une étoffe. Sa tête est surmontée d’une charge de pouvoirs. Les yeux incrustés de verre dessinent des pupilles noires sur fond blanc. “Le kaolin [utilisé dans la statue] est important dans les actions contre la maladie, la stérilité, la vengeance, souligne  Joseph-Aurélien Cornet. Les clous, les lames métalliques sont, eux, utilisés à des fins violentes”. Sur une statue de pouvoir Yombe (180 000 francs), le personnage disparaît presque entièrement sous des charges magiques. Le réceptacle rectangulaire recouvrant la poitrine et le ventre contient des éléments divers : végétaux (grai­nes, herbes), animaux (griffes, dents, ossements), minéraux (kaolin, cristal de roche).

La galerie présente également six pièces en ivoire. “C’est la première fois que sont réunis dans une exposition des ivoires d’une telle qualité”, affirme Hélène Leloup. Particulièrement remarquable, une paire de bâtons de chef de forme cylindrique, de style Woyo (600 000 francs), dont le sommet est orné d’une tête humaine. “Ceux que j’ai connus au Congo étaient portés par le chef d’un village, et celui-ci les tenait fièrement devant lui à l’occasion des grandes cérémonies”, raconte Joseph-Aurélien Cornet.
L’histoire de l’art Kongo remonte au XVIe siècle, mais il n’a véritablement percé qu’à notre siècle, grâce à une bibliographie des plus fournies.

KONGO, OBJETS DE BOIS, OBJETS D’IVOIRE, exposition-vente jusqu’au 18 juillet, galerie Hélène et Philippe Leloup, 9 quai Malaquais, 75006 Paris, tél. 01 42 60 75 91, du mardi au samedi 11h-12h30 et 14h-18h30.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : Mystère et magie africaines

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