Scientifiques et séduisants

Deux catalogues de musées sur les retables et la sculpture

Le Journal des Arts

Le 19 juin 1998 - 417 mots

En partenariat avec les établissements concernés, la Réunion des musées nationaux vient d’éditer deux catalogues qui conjuguent assez heureusement documentation scientifique et présentation agréable. Ceux-ci explorent des fonds peu étudiés, tout en illustrant parfaitement l’importance du décor d’autel dans l’histoire des formes.

Grâce aux donations Émile Peyre et Jules Maciet, le département médiéval et Renaissance du Musée des arts décoratifs est riche de 62 retables peints ou sculptés, provenant surtout d’Italie mais aussi d’Espagne, de France et des écoles du Nord. Profitant de sa réouverture partielle et d’une campagne de restauration, le musée parisien s’est livré à un important travail d’attribution et d’analyse stylistique de son fonds, dont il publie les résultats dans le catalogue des Retables de la collection du Musée des arts décoratifs.

Les reproductions ont fait l’objet d’un réel effort. Quant aux notices – écrites dans une langue très accessible et classées géographiquement, puis chronologi­quement –, elles offrent un véritable panorama d’une des pièces les plus sacrées du mobilier liturgique, à travers ses multiples variantes : devant d’autel ou retable, panneau unique décliné sur le modèle de la Maestà ou de la “Sacra Conversazione”, polyptyque à volets, mêlant peinture et sculpture… L’ouvrage signé par Monique Blanc, conservatrice du dé­par­tement, est aussi l’occasion de découvrir quelques chefs-d’œuvre quasiment inconnus, du plus ancien retable italien conservé en France au retable en bois de Lescure, en passant par une immense Crucifixion du Quattrocento – autrefois attribuée à Baldassare d’Este et désormais à Vicino da Ferrara –, ou encore une merveille du gothique international espagnol due à Luis Borrassa.

Une production particulière
Le catalogue des Sculptures anglaises d’albâtre au Musée national du Moyen Âge s’attache au contraire à une production tout à fait particulière, située dans l’espace et dans le temps puisqu’elle commence vers 1350 et prend fin deux siècles plus tard, avec la Réforme anglicane. Le texte d’introduction de Christiane Prigent élargit néanmoins son étude à d’autres collections que celle des Thermes de Cluny.

La maître de conférences de l’université de Paris I analyse cette production de masse destinée à orner les autels de toute l’Europe sous un angle technique, économique et artistique, avant de s’interroger sur la relative répétitivité et pauvreté de l’iconographie, qui puise son inspiration dans les mystères, ces mises en scènes de l’histoire religieuse jouées pour le peuple sur le parvis des églises.

Retables de la collection du Musée des arts décoratifs, texte de Monique Blanc, RMN/Musée des arts décoratifs, 160 p., 60 ill. couleurs, 25 ill. noir et blanc, 350 F, ISBN 2-7118-3241-4.

Les sculptures anglaises d’albâtre au Musée national du Moyen Âge, texte de Christiane Prigent, RMN/Musée national du Moyen Âge, diffusion Seuil, 104 p., 8 ill. couleurs, 60 ill. noir et blanc, 150 F, ISBN 2-7118-3684-3.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : Scientifiques et séduisants

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