Bruegel au secours du Musée d’Anvers

L’exposition pourrait aider à réveiller l’établissement

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 19 juin 1998 - 482 mots

“Bruegel-Brueghel�?, à Anvers, pourrait donner le départ à une série de changements dans la politique du Musée royal des beaux-arts, jugée peu dynamique par son nouveau directeur. Celui-ci compte sur le succès de l’exposition pour aider à financer la prochaine rénovation des bâtiments et l’enrichissement des collections.

ANVERS - “Il faut réveiller le Musée royal des beaux-arts d’Anvers”, affirme son nouveau directeur, Paul Huvenne. L’établissement a souffert de léthargie pendant presque trente ans, et les réformes sont devenues nécessaires. “Le personnel s’est davantage préoccupé des collections que du public”, reconnaît-il, et malgré son fonds de tableaux flamands magnifique, le musée n’attire plus autant de visiteurs qu’il le devrait.

Cette situation a récemment éclaté au grand jour avec la nomination à la tête de l’établissement, en octobre 1997, de Robert Hoozee. La brièveté de son mandat fera date dans l’histoire. Trois jours après son arrivée, réalisant qu’il faudrait des années pour venir à bout des problèmes, il a décidé de retourner à son ancien poste, au Musée des beaux-arts de Gand. C’est dans ces circonstances que Paul Huvenne, conservateur en chef de la Rubenshaus d’Anvers, a pris la direction de l’établissement.

Ses projets concernent plusieurs domaines. Tout d’abord, la rénovation du bâtiment – constitué d’un ensemble de grandes salles datant de 1890, aujourd’hui très défraîchies – s’impose. La seconde priorité ira au travail de conservation et d’élargissement de la collection. Mise à part une importante donation d’œuvres du peintre et sculpteur Rik Wouters en 1989, aucun ajout n’a eu lieu depuis des décennies. Paul Huvenne désire notamment acquérir des œuvres profanes de Rubens et combler les lacunes de la collection du début du XVIe siècle. Enfin et surtout, il réclame plus d’indépendance pour le musée – jusqu’à présent dirigé par une organisation bureaucratique, sous contrôle étroit du gouvernement – afin que l’équipe puisse se concentrer sur l’amélioration des services.

Van Dyck en 1999
Mais Paul Huvenne a également besoin de trouver de l’argent. Actuellement, l’institution reçoit chaque année 100 millions de francs belges du gouvernement flamand (environ 16 millions de francs français) – sur lesquels est prélevé le salaire du personnel – et quelque 40 millions d’autres sources. “Bruegel-Brueghel”, montée par l’historien de l’art Klaus Ertz avant la nomination de Paul Huvenne, arrive fort opportunément pour remplir les caisses et améliorer l’image du musée. C’est exactement ce dont l’établissement avait besoin : une exposition de deux artistes populaires, en même temps qu’un travail d’érudition. Après Essen et Vienne, Anvers est la dernière étape de son parcours. Des gravures ont été ajoutées, et un quart des tableaux peints par les fils Bruegel ont été renouvelés par rapport aux villes précédentes, avec davantage d’œuvres provenant de collections privées et rarement montrées. Autre événement prometteur : l’exposition Van Dyck, l’année prochaine. Ce sera la plus importante rétrospective consacrée à l’artiste, avec plus de quatre-vingts tableaux. Elle sera suivie, à l’automne 1999, de “Femmes artistes des Pays-Bas, 1450-1950”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : Bruegel au secours du Musée d’Anvers

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