Art et communication

Et la pub créa l’affiche

Le Journal des Arts

Le 19 juin 1998 - 507 mots

Ce n’est plus à prouver, cinéma et publicité font bon ménage depuis longtemps. Mais, curieusement, peu d’affiches de films sont créées par des publicitaires. Ce déficit est quelque peu comblé depuis 1996, lorsque les organisateurs du Festival international du Film de Cannes décident de confier à l’agence DDB les Arts la conception des affiches de ce haut lieu de rencontres cinématographiques.

Le 1er Festival de Cannes aurait dû être inauguré en 1939, mais la guerre s’en est mêlée et seule l’affiche du peintre Gabriel Domergue, réalisée pour annoncer l’événement, a vu le jour. C’est finalement en 1946 que le Festival a ouvert ses portes. Depuis cette date et pendant près de trente ans, ce sont des peintres ou des illustrateurs (Cueco, Folon, Robert Siodmark...), voire des cinéastes (Fellini, Kurosawa) qui ont eu l’honneur de signer les œuvres.

Les choses changent il y a trois ans. L’agence DDB les Arts démarche spontanément les organisateurs du Festival et leur propose une série de projets. En dépit de la concurrence automatique et acharnée – elle se renouvelle tous les ans – des élèves des Beaux-Arts, le travail est apprécié, l’approche est jugée intéressante et pointue. L’affaire est faite, la tradition rompue : ce sont désormais des publicitaires qui auront la délicate mission de concevoir les affiches du phénomène mythique de la Croisette.

Un brief précis, en fonction de l’impulsion et de l’esprit que les responsables veulent insuffler au Festival chaque année, est donné à l’agence, qui est alors laissée libre de l’interpréter de façon créative.

En 1996, il s’agissait de briser les codes, de donner un nouvel élan au Festival et de mettre en avant son dynamisme et sa gaieté. DDB les Arts a imaginé un gigantesque bouquet de fleurs variées et étincelantes de couleurs, photographiées par Aloisi. En 1997, la célébration du cinquantième anniversaire exige une attention toute particulière et spécifique. Il faut marquer le coup de manière solennelle, mais sans faire de l’autocélébration, ni tomber dans le passéisme. C’est tout simplement le logo du Festival qui a été retenu et retravaillé en PAO, dans un traité un peu zen, par le directeur artistique Hubert Lebaudy.

Cette année, force est de prouver que la vie continue après cinquante ans, qu’après ce virage, un nouveau départ s’opère. Le choix est de revenir davantage dans le monde réel du cinéma, c’est-à-dire aux films à proprement parler plutôt qu’au Festival lui-même. Placé dans un grand drap, un lâché de pellicules en forme de papillons est projeté en l’air au milieu d’un champ, et shooté face au soleil par Louis Decamps : évocation subtile des sunlights et clin d’œil au ciel de la Côte d’Azur. C’est léger, aérien, vivant et exprime bien la volonté de redonner la vedette à la pellicule. Cette prise de vue en extérieur, bien qu’arrangée en PAO, permet, in fine, chaleur et contraste dans le visuel.

À Cannes, la publicité a elle aussi franchi les marches du palais. Vers une Palme d’or ?

Agence : DDB les Arts / Directeur artistique : Hubert Lebaudy / Photographe : Louis Decamps

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : Et la pub créa l’affiche

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