Un marché encore instable

Londres boude le mobilier design du XXe siècle

Le Journal des Arts

Le 8 juillet 1998 - 534 mots

Les ventes de mobilier design du XXe siècle organisées par Sotheby’s, Christie’s et Bonham’s, en mai et juin, ont enregistré des résultats décevants. Les œuvres des designers italiens et finlandais ont été les seules à bien tirer leur épingle du jeu.

LONDRES (de notre correspondante) - Rompant avec le succès qu’elles avaient connu ces dernières années, les ventes de mobilier design du XXe siècle n’ont pas obtenu cette saison les résultats escomptés. Les vacations s’étant multipliées avec le développement du marché en Amérique du Nord, les auctioneers ne disposent plus désormais d’objets de qualité en quantité suffisante pour satisfaire la demande.

Des trois ventes organisées par Christie’s South Kensington, celle de design italien, le 3 juin, a enregistré le meilleur produit avec 345 400 livres sterling (3,45 millions de francs) et 73 % de lots vendus. Le plus beau meuble proposé était un canapé Safari d’Archizoom, qui a trouvé preneur à 19 550 livres, contre une estimation de 8-12 000 livres. Il a été acquis par l’écrivain et marchand Peter Fiell pour le compte d’un client américain, grand collectionneur de design du XXe siècle.

Une chaise en contre-plaqué signée Alvar Alto
Produit en grande série et toujours édité, le fauteuil Dorifora de Mendini est resté invendu. Même si le marché de la verrerie n’est pas au meilleur de sa forme actuellement, l’adjudication record de la vente – 25 300 livres – est allée à la Coppa delle Mani, un grand et très rare calice conçu par Tomasso Buzzi, dont la coupe de verre rose est soutenue par deux mains ouvertes. Les lots les plus prisés ont été les objets réalisés par le designer Joe Colombo, aujourd’hui considéré comme l’une des plus importants designers de sa génération. Sa lampe de bureau Acrila, estimée 7-900 livres, a fait 6 900 livres.

La vente de Sotheby’s, le 13 mai à Londres, s’est également soldée par des résultats mitigés, avec 220 777 livres de recettes (2,2 millions de francs) et 59,5 % de lots vendus. Une fois encore, ce sont les quelques pièces remarquables des designers italiens et finlandais qui se sont les mieux vendues. La chaise en contre-plaqué à dossier haut d’Alvar Aalto est un exemple type de ses créations, et depuis l’exposition que le Metropolitan de New York lui a consacrée, la cote du designer a flambé. Elle a été achetée par le Vitra Design Museum de Bâle pour 26 450 livres, alors qu’elle était estimée 8-12 000 livres.

La vente de Bonham’s, le 20 mai à Londres, n’a pas non plus suscité l’intérêt du public. Elle a réalisé un produit total de 72 170 livres, avec 35 % de lots vendus. La vacation avait d’emblée failli tourner à la catastrophe avec 3 lots vendus seulement sur les 30 premiers présentés. Ceux-ci étaient constitués de diverses œuvres de créateurs européens, dont une grande chaise en acier tubulaire signée Marcel Breuer. Les dessins d’Alessandro Guerriero pour le studio Alchimia constituaient les documents les plus intéressants de la vente, mais la plupart d’entre eux sont restés invendus. Le divan en acier expansé du designer japonais Shiro Kuramata a toutefois été enlevé à 11 000 livres, et une chaise ergonomique d’André Dubreuil a trouvé preneur à 7 500 livres.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°64 du 8 juillet 1998, avec le titre suivant : Un marché encore instable

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