Abou Dhabi

À suivre…

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2008 - 592 mots

Le commerce n’a profité qu’aux artistes du Moyen-Orient

ABOU DHABI. Si la foire Art Paris a mis du temps avant de se bonifier, sa bouture à Abou Dhabi, du 18 au 21 novembre, a réalisé un vrai saut qualitatif en à peine un an. Au point de sembler presque plus consistante que sa concurrente Art Dubaï, organisée en mars prochain. Certes, un certain nombre de kitscheries restent à ébarber et la surreprésentation des Lalanne pouvait faire tiquer. Il était aussi surprenant que la galerie Maeght (Paris) ait soudainement changé son stand en succursale de la Fondation éponyme. Mais à l’inverse d’une Fondation Beyeler à la Foire de Bâle, les Maeght se sont contentés d’amener des photos et non des œuvres… La plupart des marchands se sont efforcés de caresser le goût local dans le sens du poil. Sur le beau stand de RX (Paris), on remarquait un Georges Rousse reprenant la forme d’un carreau islamique tandis que Marion Meyer (Paris) avait accroché une toile de Man Ray intitulée Desert Plant. Jablonka (Berlin) avait, pour sa part, déployé une exposition personnelle des œuvres orientalistes de Philip Taaffe. Certains avaient bien compris que sans artiste du Moyen-Orient, il serait difficile de retenir l’attention des acheteurs locaux. Patrice Trigano (Paris) avait ainsi accordé deux de ses cimaises à un remarquable artiste irakien, Halim Al-Karim, dont les photographies voilées de plusieurs couches de soie jouaient sur la fragilité de la mémoire et de nos perceptions.

Demandes de rabais
Le commerce fut d’ailleurs quasi inexistant pour les galeries crantées uniquement sur l’art occidental. Éric Dupont (Paris) a ainsi tout juste cédé une pièce de Didier Mencoboni au Tourism Development & Investment Company (TDIC). «  Il y a une aventure culturelle, mais pas encore de vrai marché. Le processus est lent, frustrant, confiait Jean-Gabriel Mitterrand (Paris). Nous n’avons aucun contact avec les dignitaires émiratis, qui viennent sur les stands lorsque nous n’y sommes pas.  » Les demandes de rabais exagérés de 30 à 60  % de la part de la famille régnante auraient essuyé des refus. En revanche, les galeries présentant des artistes iraniens furent chanceuses. Waterhouse & Dodd (Londres) a ainsi vendu deux bronzes de Parviz Tanavoli. Logique, puisqu’en avril dernier, une sculpture de cet artiste s’est propulsée à 2,8  millions de dollars chez Christie’s à Dubaï. Même le grand collectionneur indien Anupam Poddar commence à élargir son spectre vers l’Iran. Il a ainsi emporté une pièce de Samira Abbassy chez Leila Taghinia-Milani Heller (New York). Naturellement, tout ce qui résonnait auprès des arbitres locaux a trouvé preneurs. Guy Pieters (Knokke) a ainsi cédé un projet de Christo représentant un mastaba à Abou Dhabi. De son côté, la galerie El Marsa (Abou Dhabi) a vendu un grand tableau de Rachid Koraïchi, artiste qui bénéficiera d’une exposition pour saluer l’an prochain le 37e anniversaire de la création des Émirats Arabes Unis.

Manque de coordination
Le contexte général fut toutefois plombé par un manque total de coordination entre les instances locales. Étrangement, les exposants ne furent conviés à aucun des événements VIP organisés par le magazine Canvas à l’intention de quelques grands collectionneurs comme les Rubell, les Diba ou les Maleki. Une mise en quarantaine présageant d’une éventuelle captation du salon par les autorités, voire d’un changement de nom  ? «  Il est possible que le nom de la foire évolue, et il est peut-être sain après deux ans, de chercher une nouvelle localisation. Rien n’est pour l’instant confirmé  », indique Bassem Terkawi, porte-parole du TDIC. Mais serait-il judicieux de quitter un palace émirati pharaonique pour un quelconque Convention Center  ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°292 du 28 novembre 2008, avec le titre suivant : À suivre…

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