ENTRETIEN

Antoine Tarantino, marchand spécialisé en peinture baroque italienne et en archéologie gréco-romaine, Paris

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2008 - 718 mots

\" L’Antiquité aide à comprendre la peinture \"

Depuis quand votre galerie  existe-t-elle  ?
La galerie a été ouverte en juin  2007. J’étais marchand en appartement les deux années précédentes, après avoir travaillé pour les marchands Jacques Fischer (sculptures, tableaux et dessins anciens et du XIXe  siècle) et Jean-Philippe Mariaud de Serres (archéologie), dans mes deux domaines de prédilection que je trouve complémentaires et dont la juxtaposition est vraiment intéressante, bien que la tendance soit plutôt au cloisonnement des spécialités. Je trouve que l’Antiquité classique aide à comprendre la peinture baroque.

Pourquoi vous êtes-vous installé dans un quartier peu marchand  ?
Le quartier Saint Georges est en train de renouer avec la tradition. Il connaît déjà une évolution, avec aujourd’hui une dizaine de marchands en activité. J’aime ce quartier de la Nouvelle Athènes où déjà au XIXe  siècle se trouvaient de nombreux marchands. J’ai pu y trouver un espace adapté à l’accrochage de tableaux de grand format.

Un an après votre exposition sur l’art bolonais du XVIIe, vous vous lancez dans un accrochage sur l’art romain baroque. Comment trouvez-vous ces œuvres  ?
Il est difficile effectivement de réunir autant d’œuvres de qualité en une année. Pendant plus de dix ans, j’ai collectionné les artistes bolonais et romains et les deux expositions que je leur ai consacrées sont vraiment le fruit d’une collection passionnée. Cette fois-ci, c’est la partie romaine qui est présentée. Le catalogue est enrichi de notices rédigées par de grands spécialistes de l’art baroque romain, tels que Vittorio Casale pour la peinture et Jennifer Montagu pour la sculpture.
J’ai une passion profonde pour l’art baroque italien qui tient sans doute à mes racines italiennes et mes vacances en Italie pendant mon enfance, passées à visiter toutes les églises et musées. J’envisage par la suite de réunir d’autres artistes du XVIIe italien, peut-être des écoles génoise et napolitaine.

Pourquoi avoir intitulé votre exposition «  Rome 1660  »  ?
C’est, d’une part, un titre marquant que j’ai choisi en hommage à l’ouvrage d’Yves Bonnefoy, Rome 1630, et qui évoque aussi l’inoubliable exposition «  Seicento  », au Grand Palais en 1988. D’autre part, les œuvres majeures de l’ exposition tournent autour de cette date  : un dessin inédit et très fini du Prophète Zacharie (1669) par Ciro Ferri, préparatoire à la mosaïque de la basilique Saint-Pierre de Rome  ; La Vierge à l’Enfant et Saint Jean l’Évangéliste apparaissant à Saint Pierre d’Alcantara, tableau peint par Lazzaro Baldi (un autre excellent élève de Cortone), à l’occasion de la canonisation du saint homme en 1669  ; puis une étude d’ensemble pour La voûte de l’église du Gesù à Rome par Giovanni Battista Gaulli dit le Baciccio. J’expose aussi le dessin inédit du lit d’apparat réalisé pour la nièce de Mazarin et premier amour de Louis  XIV, Maria Mancini, princesse Colonna, à l’occasion de la naissance de son premier fils en 1663. Ce lit baroque extraordinaire était jusqu’alors uniquement connu par une gravure.

Présentez-vous de la sculpture ?
Le domaine de la sculpture est notamment représenté par un rarissime fragment d’un bozzetto en terre cuite de Melchiorre Cafa, préparatoire pour le Martyre de Saint Eustache, grand relief commandé en 1660 par Camillo Pamphili (neveu du pape Innocent X) pour l’église Sainte Agnès Place Navone. L’artiste mort tragiquement à 31  ans est le seul sculpteur dont Le Bernin avouait avoir quelque chose à craindre. Il n’y a, à ma connaissance actuellement aucune de ses œuvres sur le marché.

Quelle est votre gamme de prix  ?
Les prix sont établis en fonction d’un ensemble de critères que sont la qualité, la rareté et l’intérêt historique de chaque œuvre. La fourchette est large  : 2  000  euros pour le Portrait d’Innocent  XI Odescalchi, petite huile sur cuivre de l’entourage de Ciro Ferri, ou 20  000 euros pour un dessin de Claude Gellée dit Le Lorrain et au-delà pour certaines œuvres plus importantes.

Quelle est votre clientèle  ?
Des collectionneurs, des institutions, des historiens d’art, avec lesquels des liens se tissent petit à petit et aussi des marchands. Je retrouve régulièrement certaines de mes œuvres à la foire Tefaf de Maastricht.

ROME 1660, L’EXPLOSION BAROQUE, tableaux, dessins et sculptures du XVIe au XVIIIe siècle, jusqu’au 20 décembre et du 5 au 31 janvier du lundi au samedi 10h-20h, Galerie Tarantino, 38, rue Saint-Georges, 75009 Paris, Tél. 01 40 16 42 38, contact@galerietarantino.com.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°292 du 28 novembre 2008, avec le titre suivant : Antoine Tarantino, marchand spécialisé en peinture baroque italienne et en archéologie gréco-romaine, Paris

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