Botanique

Herbier d’art

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2008 - 485 mots

Les collections de la Chalcographie du Louvre ont permis de prolonger
partiellement une publication du XVIIe siècle

Plus de trois siècles après sa parution, le monumental ouvrage mené sous la direction de Denis Dodart (1634-1707), botaniste et médecin du roi, Mémoire pour servir à l’histoire des plantes, trouve enfin une suite. Alain Renaux, ethnobotaniste au CNRS, a, en effet, sélectionné 58 des 319  gravures sur cuivre encore conservées à la Chalcographie du Louvre, afin de poursuivre l’ambitieux travail lancé peu de temps après sa création par l’Académie des Sciences. Créée en 1666 par Louis XIV, l’institution, dirigée par Claude Perrault (1613-1688), frère du célèbre auteur et conjuguant lui-même les talents d’anatomiste et d’architecte, se lance rapidement dans un travail monumental  : publier une vaste histoire des plantes, contenant une recension exhaustive des variétés présentes dans le royaume. La direction de ce travail collectif, qui mobilise une équipe de scientifiques, est alors confiée à Denis Dodart, devenu membre de l’Académie en 1673. Le comité procède à la sélection de 319  variétés, dont des graines sont semées au Jardin du roi. Elles serviront de modèle aux graveurs chargés de réaliser les illustrations accompagnant la notice descriptive de chaque plante. C’est là que l’art et la science se croisent. Pour cette entreprise royale, Dodart fait en effet appel à des graveurs de renom, tous maniant l’eau-forte. Ainsi d’Abraham Bosse (1604-1676), ancien collaborateur de Jacques Callot et premier graveur admis à l’Académie royale de peinture et de sculpture – dont il sera exclu par Le Brun en 1661. Mais aussi de Louis de Chastillon, moins connu  ; et de Nicolas Robert, peintre miniaturiste réputé et graveur, qui a livré plus de la moitié des planches. Bel exemple de synthèse entre contenu scientifique et qualité artistique, l’ouvrage a servi à son tour de recueil de modèles pour les artistes. Il n’a toutefois été publié qu’une première et unique fois par l’Imprimerie royale, en 1676, dans une version inachevée contenant seulement trente-huit planches. L’entreprise est définitivement close en 1694 après la publication d’un ouvrage concurrent, Elemens de botanique. L’intégralité des 319  planches sera tout de même tirée sur papier à trois reprises, de  1672 à  1787. Quatorze de ces estampes sont présentées dans le cadre d’une petite exposition du Muséum d’histoire naturelle de Paris. Les gravures originales sont toujours conservées au sein de la Chalcographie du Louvre, fondée en 1797 et réunissant notamment les gravures du Cabinet du roi et de l’Académie royale de peinture et de sculpture. D’où cette possibilité de les tirer de nouveau aujourd’hui. Il aurait cependant été judicieux, pour accroître l’intérêt de ce beau livre, de l’accompagner d’un fac-similé de l’édition originale, qui n’a encore jamais été rééditée.

Alain Renaux, L’Herbier du Roy, éd. RMN, 144 p., 38 euros, ISBN 978-2-7118-5365-6. Exposition jusqu’au 15 janvier 2009, Muséum national d’histoire naturelle, Cabinet d’histoire du Jardin des plantes, 57, rue Cuvier, 75005 Paris, Tél. 01 40 79 56 01.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°292 du 28 novembre 2008, avec le titre suivant : Herbier d’art

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