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Le Musée Marmottan-Monet danse sur un nouvel air

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 28 octobre 2008 - 811 mots

Depuis l’arrivée de son nouveau directeur Jacques Taddei, l’institution croule sous les projets

PARIS - Depuis le mois de septembre, le Musée Marmottan-Monet, à Paris, a quelque chose de changé. Serait-ce l’éclairage, entièrement repensé, qui redonne à l’hôtel particulier du 16e arrondissement de Paris son éclat cossu ? Serait-ce la nouvelle disposition du mobilier et des pièces d’Arts décoratifs Empire, mis en valeur par des tableaux impressionnistes, qui fait redécouvrir la richesse de cet ensemble légué par Paul Marmottan à l’Académie des beaux-arts en 1932 ? Serait-ce encore cette nouvelle ouverture creusée au bout de l’espace en sous-sol et donnant accès à une salle consacrée aux arts graphiques puis à une nouvelle librairie, qui donne à la visite une fluidité bienvenue ? Un peu de tout cela sans doute. Aux commandes du navire, Jacques Taddei, compositeur et membre de l’Académie des beaux-arts, élu à la tête du musée par ses pairs en novembre 2007. Depuis sa prise de fonction en janvier, les projets se bousculent. Symbole de cette mutation, un piano de concert Steinway trône au cœur des Nymphéas.

Dépoussiérer l’institution
Énergique et pragmatique, le nouveau directeur ne cache pas sa volonté de dépoussiérer l’établissement, dont la réputation à l’étranger n’est plus à faire, mais dont l’aura en France ne reflète pas la grande richesse – le musée possède la plus grande collection au monde de tableaux de Claude Monet, notamment grâce au don de son fils Michel en 1966. À ce jour, Marmottan a pu bénéficier du mécénat de Generali pour le réaménagement des espaces d’accueil et de la librairie, mais aussi du nouvel espace consacré aux dessins, pastels et aquarelles de la collection. En effet, hormis les revenus de la billetterie (le tarif d’entrée à 9 euros est plus élevé que la moyenne parisienne) et de la librairie, le musée placé sous l’égide de l’Académie des beaux-arts n’a pas de financements propres. C’est à Jacques Taddei, chef d’une micro-équipe administrative, que revient la tâche de trouver des mécènes, une démarche indispensable pour l’épanouissement de son établissement. Et le nouveau directeur n’a pas perdu de temps. La fondation Bettencourt Schueller serait, par exemple, prête à financer le projet d’une « nouvelle aile », ou plus exactement d’une surélévation sur deux étages du bâtiment rue de Boilly pensée par l’architecte et académicien Roger Taillebert. Y serait exposée au premier étage la collection des Nymphéas éclairée à la lumière naturelle, conformément au souhait de Claude Monet, et au second les bureaux de la conservation. Idem pour la collection d’enluminures, don de Daniel Wildenstein en 1980, qui sera désormais présentée à l’étage, au sein d’un ensemble médiéval plus cohérent (tapisserie, vitrail, statues du Moyen Âge…), ce, grâce à l’appui financier de Guy Wildenstein. Les revenus liés aux réceptions, location d’espace et visites privées sont aussi nécessaires. Les concerts de musique classique organisés chaque mois en sous-sol sont, eux, compris dans le prix d’entrée.

Prêts onéreux
Pragmatisme encore avec l’envoi de l’emblématique Impression. Soleil levant à Nagoya City Art Museum au Japon de la fin décembre au début février 2009, et ce, contre monnaie sonnante et trébuchante. Si le tableau a déjà voyagé trois fois au Japon, cette démarche commerciale ne manquera pas de faire grincer quelques dents. Jacques Taddei assume pleinement son action et répond : « s’il n’y a [pas] réciprocité [de prêts], alors il y a un mécénat en échange, ce qui me permet de restaurer des tableaux, des meubles, entre autres nécessités. » En l’occurrence, la mise aux normes du système de sécurité, non pas vétuste mais inexistant, qui garantit aujourd’hui la protection de ses collections – on se souvient du vol et du recel d’Impression. Soleil levant de 1985 à 1990. Hormis une exposition sur Monet au Palazzo degli Esposizioni à Rome, le directeur a de nombreux projets en discussion, comme des accrochages à Abou Dhabi (au printemps ou à l’été), au Complesso del Vittoriano à Rome, voire à Dubaï et un premier échange possible avec les collections Thyssen-Bornemisza à Madrid.
La programmation in situ s’inscrit elle aussi dans une politique d’ouverture, avec l’accueil, à l’automne 2009, d’un ensemble expressionniste et fauve du musée Von der Heydt de Wuppertal. En revanche, l’art contemporain relèvera plus de la cuisine interne avec, chaque été, une invitation faite à des membres de l’Académie des beaux-arts : les photographes Lucien Clergue et Yann Arthus-Bertrand seront les prochains à tenir l’affiche. Enfin, pour ce qui est du Musée de Giverny, qui doit ouvrir ses portes au printemps prochain (lire le JdA n°278, 28 mars 2008, et le JdA n°287, 19 septembre 2008), Jacques Taddei envisage la participation de Marmottan avec circonspection. Invité à faire partie du comité scientifique du Musée de Giverny, il est ouvert à toutes propositions tout en réaffirmant la volonté de privilégier son propre établissement : « On ne prêtera pas de tableaux que des gens peuvent venir voir ici. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°290 du 31 octobre 2008, avec le titre suivant : Le Musée Marmottan-Monet danse sur un nouvel air

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