Hervé Chayette, président du Symev

Le Symev a organisé en septembre un long voyage d’études et de prises de contacts en Chine. Quel en était le but ?
Le premier objectif était de fédérer des commissaires-priseurs parisiens et de province, des experts, marchands et journalistes. La deuxième idée était de prendre le pouls d’un marché dont on ne peut pas faire l’économie. Nous avons affaire à un phénomène stupéfiant, surtout dans l’art actuel. Ce qui me frappe, c’est que l’art contemporain chinois tourne le dos à cent ans d’avant-garde occidentale. Marcel Duchamp s’interrogeait sur le statut de l’œuvre d’art, mais les Chinois n’en ont rien à faire. Ils sont dans la critique sociale ; ce sont les enfants du pop art et de Warhol.

Pensez-vous qu’il y ait en Chine un potentiel pour l’art occidental ?
Oui, mais cela prendra beaucoup de temps. La Chine est extrêmement protectionniste. Lorsque les élites auront fait le plein d’art chinois, ils se tourneront vers autre chose. Commenceront-ils alors avec Damien Hirst et Jeff Koons ou avec une commode B.V.R.B. et un bronze de la Renaissance ? Impossible à dire.

Les commissaires-priseurs français ont-ils une chance de percer ce marché, d’autant plus qu’aucun représentant du conseil d’administration de Drouot n’était du voyage de repérage ?
Je pense que la profession, sous le label de Drouot, devrait ouvrir un ou deux bureaux en Chine, en commençant raisonnablement par Hongkong. L’investissement n’est pas énorme. Drouot pourrait parfaitement se payer un bureau comme celui qu’a la firme Guardian à Hongkong avec deux ou trois employés chinois. Il faudrait promouvoir nos ventes parisiennes. Quand on a des objets chinois dans nos ventes, ils sont achetés la plupart du temps par des marchands chinois. Il serait temps de soigner cette clientèle.