Art d’après guerre

L’inconfort du funambule

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2008 - 632 mots

Des œuvres de Fontana, Atlan, Poliakoff et d’autres artistes de l’après-guerre sont à l’honneur chez Christie’s, sur toile et sur papier.

PARIS - La vente de la collection Béno et Rose d’Incelli d’art d’après guerre, présentée aux enchères chez Christie’s, à Paris, le 23 septembre, intervient tôt dans la saison – juste après la clôture de la Biennale des antiquaires qui a donné le coup d’envoi de la rentrée.
Le couple Incelli tenait une galerie d’art à Paris à la fin des années 1960, laquelle est restée active durant une dizaine d’années. De cette aventure, il a conservé une cinquantaine d’œuvres de l’école de Paris, des peintures gestuelles, ainsi que quelques pièces des Nouveaux Réalistes et trois toiles de Lucio Fontana. Presque toutes ces œuvres ont été acquises directement auprès des artistes. Estimé 800 000 à 1,2 million d’euros, Concetto Spaziale, Attese (1965), un monochrome jaune fendu de sept entailles, est de loin l’œuvre de Fontana la plus attrayante de la vacation. Deux Concetto Spaziale 65T30 de la même année, d’un plus petit format et d’une tonalité plus rare chez l’artiste, soit un rectangle vert et un losange rose vif fendus en leur centre, ont été respectivement estimés 150 000 et 200 000 euros. Il est vrai que les amateurs de cette série sont davantage attachés à l’esthétique du blanc et du rouge… Mais, comme se plaît à le souligner Mario Codognato, conservateur du Musée d’art contemporain de Naples (Italie) dans le catalogue de vente : « Les différentes couleurs et tonalités des trois toiles démontrent la neutralité et l’indifférence de leur rôle dans le contexte de l’œuvre. “J’ai beaucoup utilisé le blanc […]. Mais ç’aurait pu être le noir, ou le shocking pink, le rose, celui qui est à la mode, a déclaré l’artiste. La couleur n’avait aucune importance. Pour exprimer ma pensée, peu importe qu’il s’agisse de blanc, de rouge ou de jaune… ” ».

La critique sollicitée
À l’instar de Mario Codognato pour Fontana ou encore de Lydia Harambourg pour Serge Poliakoff, Christie’s a demandé à plusieurs critiques d’art de rédiger un commentaire porté au catalogue sur les artistes et les œuvres présentées, ce qui constitue un petit plus pour conforter le marché. Parmi les pièces majeures de la collection, notons le Grand Roi Atlante (1956), d’Atlan, salué par Jacques Polieri et estimé 150 000 euros, ainsi que deux compositions abstraites de Serge Poliakoff, estimées plus de 200 000 euros chacune. Quelques œuvres modernes font partie de la sélection, notamment une Nature morte aux biscuits (1917), tableau cubiste coloré d’Auguste Herbin estimé 250 000 à 350 000 euros.
Autre point fort de la vente : la collection Incelli offre aux collectionneurs dont le budget est plus limité un choix d’œuvres sur papier de qualité. À côté des hautes pâtes de Jean Fautrier que sont Verre à pied (1955), Petite boîte carrée (1955) et Le Lac glacé du Maine (1956), estimées 70 000 à 120 000 euros pièce, on trouvera à partir de 2 000 euros des dessins à l’encre, à la gouache, à l’huile ou à la tempera. Plusieurs pastels sur papier d’Atlan sont estimés autour de 7 000 euros. Il faudra compter un minimum de 12 000 euros pour une aquarelle de Maurice Estève ou une gouache d’André Lanskoy, tandis qu’un Concetto Spaziale de Fontana composé de trous et grattages sur papier blanc est annoncé à 40 000 euros. C’est également le prix d’un fusain et pastel de Hans Hartung, artiste particulièrement apprécié sur papier pour la beauté de son geste.

COLLECTION BÉNO ET ROSE D’INCELLI, vente le 23 septembre à 19 heures, Christie’s, 9, avenue Matignon, 75008 Paris ; exposition publique : les 19 et 20 septembre 10h-18h, le 21 septembre 14h-18h, le 22 septembre 10h-18h et le 23 septembre 10h-12h, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com.

COLLECTION INCELLI

- Experts : Jean-Olivier Després et Laetitia Bauduin
- Estimation : 3,5 à 5 millions d’euros
- Nombre de lots : 50

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°287 du 19 septembre 2008, avec le titre suivant : L’inconfort du funambule

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