Alain Jacquet

L’artiste s’est éteint à New York.

Par Christophe Domino · Le Journal des Arts

Le 17 septembre 2008 - 359 mots

Disparu le 4”¯septembre à l’âge de 69”¯ans à New”¯York, où il vivait et travaillait en alternance avec Paris, Alain Jacquet laisse derrière lui une œuvre et un parcours d’intelligence picturale, de profusion et de liberté artistique.

Fort de ses premières expositions dans le Paris du début des années 1960 (galerie Breteau en 1961), de sa représentation internationale (New York en 1964, Documenta 4 en 1968 ou « Quand les attitudes deviennent formes » en 1969), de la fidélité de critiques comme Pierre Restany ou Catherine Millet, il a entretenu un appétit d’expériences, renouvelant les enjeux et questions de son travail. Quand il déclare à Sylvie Couderc (catalogue de la rétrospective d’Amiens, 1998) : « J’ai toujours été très intéressé par les phénomènes de transformation », s’entend la curiosité de l’observateur presque scientifique et le travail proprement plastique de passage : « […] faire naître des images en passant du subliminal à la conscience […] ». Mais aussi une vraie méthode de travail, faite de recherche et de déplacement nuancés d’humour critique comme d’aisance plastique.

Sa manière de se situer par rapport aux artistes, aux questions de son temps (le pop, les Nouveaux Réalistes, voire l’art conceptuel) dit aussi l’indépendance de son travail. Son attention très tôt pour les images d’Épinal révèle son intérêt pour une « imagerie archétypale ». Mais, au-delà des emprunts à la culture picturale classique comme à l’iconographie publicitaire, à l’image ordinaire ou scientifique, au-delà d’une attitude sans doute critique envers la « civilisation de la façade » dont il se sait le contemporain, c’est le traitement plastique et visuel qui vaut une reconnaissance iconique à des morceaux de bravoure comme son Déjeuner sur l’herbe (1964, collection du Musée d’art moderne de la Ville de Paris). L’écriture picturale « mécanique » à laquelle il demeure fidèle, des Camouflages du début aux Trames, de la sérigraphie aux impressions « robotiques » n’interdit pas le travail sur l’objet, et se soutient de son attention aux supports et aux matériaux. Surtout, le traitement de la figure n’est jamais indépendant de ses sujets et registres d’images, ainsi de sa réflexion sur de puissants systèmes symboliques comme le braille d’un côté, le Yi King de l’autre. Il disait encore vouloir « qu’un tableau soit davantage une question qu’un constat ».

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°287 du 19 septembre 2008, avec le titre suivant : Alain Jacquet

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