Albi donne du grain à moudre

Michel François intervient subtilement aux Moulins Albigeois

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 28 août 1998 - 476 mots

Michel François n’en est pas à sa première exposition en France. Pourtant, après celle qu’il a présentée au public parisien à la galerie Jennifer Flay, puis celle organisée dans les espaces du Fonds régional d’art contemporain du Limousin à Limoges, la manifestation qu’il nous propose jusqu’au 27 septembre à Albi, dans un vieux moulin, montre l’artiste belge dans la pleine possession de ses moyens.

ALBI - Les Moulins Albigeois, sur les bords du Tarn, à Albi, concentrent en leur sein le charme d’un ancien bâtiment industriel rythmé par le flux d’une rivière et une belle programmation d’expositions d’art actuel conçue par “Cimaise et Portique”, Espace départemental d’art contemporain. Certes, l’aménagement de la première salle n’est pas à proprement parler un modèle du genre puisque, jusqu’aux moquettes, elles est une caricature des rénovations trop souvent observées dans ce type de construction, prises en charge par les collectivités territoriales. Cependant, Michel François en a fait son affaire, utilisant même avec audace et une certaine réussite quelques vitrines que bien d’autres auraient remisées au placard. Cette première salle est surtout l’occasion de voir ou de revoir certaines de ses photographies, qui confirment sa formidable faculté à saisir des disjonctions dans la vie quotidienne ou au gré des voyages de l’artiste : ici, au milieu d’une rizière, un drapeau noir est porté par le vent, vieux oripeaux luisants ; ailleurs, un jeune plongeur semble marcher sur l’eau ou sur des têtes. De ces images, et de bien d’autres, ont été tirées des affiches de 120 cm x 180 cm, ensuite diffusées sur les bornes d’affichages de la ville, à la gare, à la Maladrerie, et dans un certain nombre de quartiers éloignés ou non du centre.

Les espaces au niveau de l’eau, largement ouverts sur la “ville rouge”, accueillent le noyau fort de l’exposition. Dans un parcours initiatique, le visiteur découvre les lieux en descendant un escalier face à une vidéo dans laquelle une chaise fait de même, avant de se fracasser. Michel François a utilisé au maximum toutes les caractéristiques de l’endroit, y intervenant par petites touches subtiles. Il a par exemple exploité un tunnel inondé de cette ancienne fabrique de vermicelles en le recouvrant de petites boules blanches éclairées par une lampe stroboscopique. Le grand espace accueille encore d’autres pièces issues du répertoire de formes du Belge, sans pour autant en avoir l’exclusivité. Il diffuse ainsi à l’extérieur, grâce à un puissant haut-parleur, des cris de batraciens. Ou encore, il a tendu un fil qui traverse le Tarn pour venir s’accrocher à une maison de l’autre rive. Une manière littérale de reprendre le titre de l’exposition : “À flux tendu”.

MICHEL FRANÇOIS, À FLUX TENDU

Jusqu’au 27 septembre, "Cimaise et Portique", Espace départemental d’art contemporain, Moulins Albigeois, 41 rue Porta, 81000 Albi, tél. 05 63 47 14 23, tlj sauf mardi, dimanche matin et lundi matin 10h-12h et 14h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°65 du 28 août 1998, avec le titre suivant : Albi donne du grain à moudre

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