Le Japon va libérer Pierrette

Le Journal des Arts

Le 28 août 1998 - 353 mots

Dans les années quatre-vingt, les Japonais ont acheté nombre d’œuvres occidentales, comme les Noces de Pierrette de Picasso, dont on ignore aujourd’hui la localisation. Le Parlement vient de voter une loi qui devrait favoriser leur réapparition et qui, par ailleurs, instaure la dation.

TOKYO (de notre correspondante) - La loi prévoit d’inscrire les œuvres majeures dans un registre spécial, après approbation d’une commission composée de conservateurs de musées, de spécialistes et de professionnels du marché de l’art. Elle s’applique aussi bien à l’art japonais – pour lequel existe déjà un “Registre des propriétés culturelles importantes” – qu’à l’art occidental qui, jusqu’à présent, ne pouvait être enregistré. Les œuvres inscrites seraient ensuite prêtées à des musées pour cinq ans ou plus, ces derniers prenant en charge leur conservation et leur assurance. Pendant cette période, leurs propriétaires, qui pourront rester anonymes, auraient la possibilité de les vendre. Dans ce cas, l’acheteur pourrait soit en prendre immédiatement possession, soit poursuivre le prêt.

L’intérêt de ce système est évident pour les nombreuses entreprises ou banques qui continuent à stocker et à assurer de grandes quantités de tableaux dans des entrepôts onéreux, souvent dans de mauvaises conditions de conservation. Par exemple, Lake, l’un des plus grands prêteurs des années quatre-vingt, a plus de 2 000 œuvres “à l’abri” dans tout le pays. Les collectionneurs privés devraient être également intéressés, un “séjour” dans un musée ne pouvant que valoriser les œuvres. “Il est très probable que des œuvres majeures referont ainsi surface, assure Emiko Kakiuchi, directrice de l’Office de planification de l’Agence pour les Affaires culturelles. Ce système sera également profitable aux musées japonais qui, souvent, n’ont pas assez d’œuvres à exposer”.

La loi, votée le 4 juin et qui entrera en application le 10 décembre, instaure par ailleurs un système de dation. Dorénavant, au Japon comme en France, les droits de succession, particulièrement élevés dans ce pays, pourront être payés avec des œuvres d’art “enregistrées”. Ce texte est le second concernant les beaux-arts à être voté au Japon à l’époque moderne, et le premier depuis la création de l’Agence pour les Affaires culturelles il y a trente ans.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°65 du 28 août 1998, avec le titre suivant : Le Japon va libérer Pierrette

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque