Dogons et Hopis

Le premier Salon international d’art tribal à Paris

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 11 septembre 1998 - 674 mots

En passe de devenir la première place mondiale des arts primitifs, Paris ne possédait pas encore de salon spécialisé. Cet oubli est réparé avec l’ouverture du premier Salon international d’art tribal dans les salons de l’hôtel Dassault, qui accueillera, du 19 au 22 septembre, une vingtaine d’exposants européens et américains.

PARIS - Une statue Baoulé, des poupées Kachina, un masque Agba dans les ors et boiseries de l’hôtel Dassault, au rond-point des Champs-Élysées... L’hôtel particulier construit au début du XIXe siècle par le duc de Morny accueille une vingtaine de galeries spécialisées dans les arts primitifs. Ce premier Salon international d’art tribal est une initiative de la société Orlowski, à laquelle on doit déjà plusieurs manifestations, dont “Écriture” sur l’art épistolaire ou “Recevoir” sur les arts de la table. “Le nome d’art tribal a été choisie pour sa consonance internationale (Tribal arts). Il regroupe les arts océaniens, africains, indonésiens et amérindiens”, explique Stéphane Carayol, commissaire du salon. L’engouement d’un nouveau public envers les arts premiers impliquait la naissance d’un salon thématique de prestige, car aucune manifestation exclusivement consacrée à l’art tribal n’existait à ce jour en Europe”. Neuf marchands français ont répondu présent, parmi lesquels Bernard Dulon, Édith et Roland Flak, la galerie Rachlin-Lemarié-Beaubourg Art primitif. Deux des grands spécialistes des arts primitifs, Alain de Monbrison et Hélène et Philippe Leloup, ont en revanche boudé l’événement. Au nombre des galeries étrangères importantes figureront notamment les Belges Marc Léo Félix, Pierre Dartevelle, ainsi que l’Américain James Willis. “Deux ou trois grands marchands parisiens ont refusé de participer cette année à ce premier salon. Nous avons cependant réuni les trois quarts des meilleures galeries étrangères”, poursuit Stéphane Carayol.

Un comité d’expertise composé de Bernard Dulon, Pierre Dartevelle, Pierre Amrouche et Édouard Klegman se réunira la veille de l’ouverture afin d’examiner les pièces exposées sur les stands. Deux experts resteront, en outre, à la disposition des clients pendant la durée du salon. Les stands – entre 15 et 25 m2 – se sont négociés à 4 000 francs le m2.

Une initiative saluée par les marchands
Cette initiative semble combler les désirs des marchands participants comme Claude Lebas, responsable de la galerie L’Accrosonge : “L’art tribal a peu à peu trouvé sa place ; le grand public commence à s’y intéresser. De bons salons existaient aux États-Unis, mais aucun à Paris. Cette manifestation vient donc combler un vide”. Même satisfaction de la part d’Édith Flak, pour laquelle il était inconcevable que Paris soit encore dépourvu d’un grand salon : “Il fallait faire quelque chose. L’initiative doit être saluée, même si l’hôtel Dassault, avec ses boiseries et dorures, n’est peut-être pas l’endroit le plus approprié pour accueillir des objets d’art primitif”. Les organisateurs répondent qu’au contraire, la plupart des marchands ont délibérément choisi de conserver le décor d’origine afin de jouer sur les différences de styles.

Parmi les plus belles pièces exposées, un masque animalier de type “singe noir” sur le stand Rachlin-Lemarié-Beaubourg Art primitif. “L’érosion du bois témoigne de l’ancienneté de ce masque bichromé en bois dur et à belle patine d’usage. Cette pièce Dogon de l’est du Mali figurait dans l’ancienne collection Herbert et Nancy Baker”, précisent les galeristes.

En parallèle à l’exposition des poupées Kachina qui se tient au Pavillon des arts jusqu’au 25 octobre, Édith et Roland Flak présentent une vingtaine de pièces de même origine provenant d’anciennes collections européennes et américaines, dont une Kachina “Hemis”, sculptée pour attirer sur le peuple Hopi de fructueuses récoltes de maïs. “Ces poupées rituelles en bois polychrome des Indiens Hopi et Zuni de l’Arizona sont pleines de charme. Elles jouaient un rôle d’intercesseur entre les puissances supérieures et l’homme et étaient destinées à apprendre aux enfants la mythologie et la culture de leur peuple”, souligne Roland Flak. Bernard Dulon exposera, de son côté, un pilastre de grand abri Toguna de l’ethnie Dogon du Mali, un bois dur haut de 1,80 m.

Premier Salon international d’art tribal, 19-22 septembre, Hôtel Dassault, 7 rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris, tél. 01 53 76 10 13, tlj 11h-19h, le 22 septembre 11h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°66 du 11 septembre 1998, avec le titre suivant : Dogons et Hopis

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