L’été indien de Nice

La ville offre une grande rétrospective à Robert Indiana

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 11 septembre 1998 - 421 mots

La connaissance du travail de Robert Indiana, né en 1928, se résume souvent à l’une de ses œuvres emblématiques, Love, que l’Américain a abondamment décliné en peinture et en sculpture. Le Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice, poursuivant son exploration des années soixante, consacre la première grande rétrospective sur notre continent à cet artiste pop atypique.

NICE - Depuis quelques années, le Musée d’art moderne et d’art contemporain (Mamac) de Nice a entrepris une exploration approfondie des grandes figures françaises et américaines de l’art des années soixante, du Nouveau Réalisme et du Pop Art. Ainsi se sont succédé les expositions “De Klein à Warhol”, “Jim Dine”, “Tom Wesselmann” et “Mark di Suvero”.

Dans cette lignée, le parcours de Robert Indiana est cependant atypique. Proche à l’époque de peintres abstraits comme Ellsworth Kelly ou Agnes Martin, il prend conscience à la fin des années cinquante de la nécessité de revenir à un réalisme servi par la couleur. Il puise alors son répertoire de formes dans le monde qui l’entoure, reproduisant certains signes emblématiques de la société américaine, déclinant étoiles et chiffres, à l’image d’un Jasper Johns, ou créant, comme dans New Glory Banner I (1963), une variante du drapeau américain. Cependant, loin de l’encaustique, les peintures d’Indiana cultivent une esthétique d’héraldique, une pureté qui contraste fortement avec ses sculptures. Plus proches de celles de Robert Rauschenberg, elles apparaissent comme des totems de bois et de fer, œuvres phalliques rehaussées de couleurs en constante référence à la culture américaine : des mots, des chiffres encore, des cercles ou des triangles. Les talents de l’artiste ne s’arrêtent pas là, puisqu’en 1964, il joue dans le film EAT d’Andy Warhol. Ce dernier le filme pendant vingt minutes mangeant des champignons, avant de projeter l’œuvre au ralenti pour la faire durer quarante minutes.

À Nice, quatre-vingt-dix œuvres au total ont traversé l’Atlantique, choisies en accord et en collaboration avec l’artiste, soit trente-sept peintures, trente-quatre sculptures, dessins et estampes. À côté des assemblages des années soixante (Wood Constructions), des grands ensembles de peintures (Decade, American Dream, Numbers, Love), et des sculptures monumentales des années quatre-vingt, Robert Indiana présente également une pièce spécialement conçue pour l’exposition, Le Rêve américain # 7, rappelant le destin de trois stars américaines qui ont toutes trouvé la mort en France ou sur la Côte-d’Azur : Isadora, Grace et Josephine.

ROBERT INDIANA, RÉTROSPECTIVE 1958-1998

Jusqu’au 22 novembre, Musée d’art moderne et d’art contemporain, promenade des Arts, Nice, tél. 04 93 62 61 62, tlj sauf mardi 10h-18h. Catalogue, 320 p., 250 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°66 du 11 septembre 1998, avec le titre suivant : L’été indien de Nice

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