Dirk Bouts et son temps

Le Journal des Arts

Le 11 septembre 1998 - 407 mots

Louvain fête le 550e anniversaire de la construction de son Hôtel de Ville à travers une série de festivités et d’expositions consacrées au XVe siècle brabançon. Jalon intéressant dans l’histoire des Primitifs flamands, Dirk Bouts est représenté par une quarantaine de tableaux et quelque 150 objets d’art éclairant son œuvre.

LOUVAIN - Né à Haarlem, Dirk Bouts fait sa carrière à Louvain, où il est nommé peintre de la ville en 1468. La région, sous domination bourguignonne depuis le début du XVe siècle, connaît alors une période faste, comme en témoignent la fondation d’une université – vite célèbre – et la construction de l’Hôtel de Ville et de l’église Saint-Pierre. Outre des commandes pour ces deux édifices, le peintre trouve dans la noblesse et la haute bourgeoise une riche clientèle, pour laquelle il réalise des tableaux de dévotion et invente la formule du portrait cadré à mi-corps devant une fenêtre s’ouvrant sur un vaste paysage.

On retrouve le même type de construction à plans multiples dans la Cène. Ce chef-d’œuvre, peint en 1468 pour la cathédrale de Louvain, résume les principales caractéristiques de l’art de Dirk Bouts. La scène biblique est “actualisée” par l’insertion de personnages contemporains à l’artiste, le style gothique de l’architecture et la présence d’une ville flamande que l’on devine à travers la fenêtre. La juxtaposition de détails réalistes avec la monumentalité hiératique des figures renvoie à Van der Weyden et vise au même effet de tension dramatique.

Outre qu’il marque un point culminant dans sa carrière, le triptyque de la Cène – une des seules œuvres authentifiées par des sources d’archives – a permis l’attribution d’une série d’autres tableaux, comme le Martyre de saint Érasme, l’Adoration des Mages, une Vierge à l’Enfant, ou encore un Portrait d’homme. L’exposition regroupe une quarantaine de peintures de Dirk Bouts autour de cette pièce phare récemment restaurée, ainsi que des œuvres de son fils Albrecht et de ses disciples. L’abondance des copies et des “à la manière de” montre bien le succès et la postérité de ses compositions.

En contrepoint, quelque 150 documents, manuscrits, sculptures, pièces d’orfèvrerie et broderies apportent un éclairage complémentaire sur l’inspiration du peintre et le cadre de vie – intellectuel et matériel – de ses riches commanditaires.

DIRK BOUTS, UN PRIMITIF FLAMAND À LOUVAIN

19 septembre-6 décembre, église des Frères prêcheurs, Onze-Lieve-Vrouwstraat, et église Saint-Pierre, Grote Markt, Louvain, tél. 32 16 22 45 65, tlj sauf le 1er novembre 9h30-17h30, vendredi 9h30-21h30, samedi-dim. 9h30-18h30.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°66 du 11 septembre 1998, avec le titre suivant : Dirk Bouts et son temps

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