L’Armory Show aux couleurs de l’Europe

Le Journal des Arts

Le 25 septembre 1998 - 627 mots

L’International Fine Art and Antique Dealers Show accueillera à New York, du 16 au 22 octobre, soixante-dix-sept antiquaires dont quarante-cinq sont européens. Tableaux et sculptures, mais aussi Arts décoratifs français figureront en bonne place au sein de la manifestation, devenue un “must�? pour les grands marchands internationaux.

NEW YORK (de notre correspondante) - Les incidences de la crise économique russe sur le cours du Dow Jones ne semblent pas devoir affecter la dixième édition de l’International Fine Art and Antique Dealers Show. La manifestation prend de l’ampleur, accueillant cette année soixante-dix-sept marchands : trente-deux Américains, vingt-huit Britanniques, douze Français, trois Belges, un Hollandais et un Allemand.

Parmi les nouveaux participants, la galerie parisienne Blondeel Deroyan exposera des antiquités et des tapisseries européennes, la galerie De Jonckheere ((Paris et New York) des maîtres anciens, principalement hollandais, Maroun Salloum (Paris) des meubles et arts décoratifs du XIXe siècle, et le New-Yorkais Frederick Schultz des antiquités.

L’édition 1998 se distingue par une représentation exceptionnelle des peintures, sculptures et objets d’arts décoratifs français, alors même que bon nombre de décorateurs se plaignent de la pénurie à New York de pièces françaises de très haute qualité. Pour l’occasion, Browse & Darby (Londres) proposeront à la vente un Bonnard de 1899, l’Arc de Triomphe, pour l’équivalent de 1,5 million de francs, ainsi qu’un bronze d’une jeune danseuse par Degas. Du côté français, la galerie Segoura, grande habituée de la foire, présentera un portrait de Sophie de Bourbon, Mademoiselle d’Artois, par Élisabeth Vigée-Le Brun, issu de la collection new-yorkaise d’Irma Straus, la galerie Chevalier une rare tapisserie française du XVIIe siècle, la Toilette de Psyché, Ariane Dandois une paire de consoles (1810) ayant appartenu au comte de Paris et une paire de bureaux Empire provenant du château de Mello, dans l’Oise, propriété du baron Seillière. “Il n’existait pas à New York d’exposition internationale d’antiquités avant la création de l’Armory Show, en 1988, indique Ariane Dandois, qui participe à la foire depuis sa création. C’est un salon qui a enregistré de grands succès commerciaux, une manifestation bien organisée qui attire de grands collectionneurs américains”. Nicole de Pazzis-Chevalier souligne, elle, le caractère magique de ce salon et se félicite de la présence de nombreux décorateurs américains. Pour Anthony J.P. Meyer, l’Armory Show est l’équivalent de la Biennale des antiquaires ou de la foire de Maastricht. “C’est la foire la plus importante des États-Unis, affirme-t-il. Elle me permet de rencontrer de grands collectionneurs internationaux”. Alain de Monbrison a préféré être présent à l’Armory Show pour la seconde fois plutôt qu’à la Biennale des antiquaires. “Je reçois à New York la visite de nouveaux collectionneurs que je ne vois pas à Paris, et celle de nombreux conservateurs de musées. Ce salon me permet de travailler à plus long terme en développant une nouvelle clientèle”.

Une commode marquetée George III
Les marchands français ne sont évidemment pas les seuls à proposer du mobilier et des objets d’art “hexagonaux”. Le Londonien Mallet exposera une suite de six fauteuils dorés Louis XVI, avec des ornements néoclassiques de Georges Jacob (environ 285 000 francs), ainsi qu’une commode marquetée George III attribuée à Pierre Langlois (8,5 millions de francs). L’art primitif sera notamment représenté chez Anthony J.P. Meyer, avec une tête d’ancêtre Maori sculptée provenant de Nouvelle-Zélande, XVIIe siècle, et un pendentif-crochet en jade datant de la seconde moitié du XVIIIe ou du début du XIXe siècle, qui devait appartenir à un chef ou un prêtre néo-zélandais. Les visiteurs de l’Armory Show pourront également découvrir des objets de provenance royale : ainsi la galerie allemande Neuse, de Brême, exposera une très rare coiffeuse russe au plateau de porcelaine et aux montants dorés, cadeau du tsar Nicolas Ier à sa fille Olga lors de son mariage avec le prince héritier Karl de Wurtemberg, en 1846.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°67 du 25 septembre 1998, avec le titre suivant : L’Armory Show aux couleurs de l’Europe

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