Une leçon de maîtres

Lille explique le dessin par lui-même

Le Journal des Arts

Le 25 septembre 1998 - 545 mots

Connu pour la richesse de son Cabinet des dessins, le Palais des beaux-arts de Lille reprend, un an après sa réouverture, un rythme régulier d’expositions d’arts graphiques. Pour inaugurer ce nouveau cycle, il propose un parcours pédagogique original à travers les techniques, les fonctions et les genres du dessin, illustrés par quelque 150 feuilles, de Raphaël à Gaetano Pesce.

LILLE - “Les dessous du dessin” rompt avec le profil habituel des expositions. Aucun artiste, aucun mouvement éponyme n’en vient faire la publicité, bien que les écoles florentine et romaine du XVe au XVIIe siècle soient particulièrement bien représentées, et que figurent, pour ne citer que ceux-là, cinq Raphaël, trois Holbein le Jeune, trois Jordaens, un Vouet, un Poussin, deux David, un Ingres, deux Delacroix, un Manet, un Matisse et un Picasso.

Le parcours se veut plutôt une leçon générale sur le dessin. Conçu conjointement par les services de la conservation, de la restauration et de la pédagogie du musée, il s’adresse aussi bien au néophyte qu’à l’amateur intéressé par les problèmes de remaniement et de montage, de copie et d’attribution ou de cachet de collection.

Du dessein au dessin
Une première salle confronte des enluminures, des aquarelles, des sanguines, des mines de plomb, des fusains, des encres et des lavis avec, en regard, les matériaux et les instruments utilisés pour l’exécution. Ce panorama européen des supports et des techniques employés du XIIIe siècle à nos jours fait apparaître la prédilection de certaines écoles pour une méthode particulière, posant ainsi la question du lien entre évolution technique et stylistique, procédés et recherches stylistiques.

Dans une seconde partie, les différentes formes et fonctions du dessin sont abordées. Des œuvres autonomes, comme un diptyque allégorique du XVIe siècle ou le pastel des Baigneuses de Millet, voisinent avec différents types d’illustrations, depuis les miniatures de livres d’heures jusqu’aux fameuses vignettes de Cochin le Jeune. Le rôle d’enseignement traditionnellement dévolu au dessin est également évoqué à travers la pratique des académies, des copies et des croquis. On remarquera notamment une Descente de croix de Rubens par Jordaens, un superbe groupe d’Hommes nus de Pontormo et des académies de Prud’hon et de Mengs.

Néanmoins les feuilles présentées sont, pour la plupart, des dessins préparatoires qui retracent toutes les étapes de création, de l’esquisse au carton, en passant par les recherches de composition, les études de détails et la mise au carreau. C’est aussi la plus variée des catégories, puisqu’elle rassemble aussi bien des études de tableaux – celle pour le Massacre des innocents de Nicolas Poussin – que des projets de sculptures – le Groupe des cinq pour le musée de Lille par Eugène Dodeigne –, de gravures – Le Char de Vénus de Brébiette – ou de design, tel un projet de vase de Gaetano Pesce.

Enfin, dans une dernière section, un montage de Vasari, une marque de collection florentine du XVIIe siècle, des filigranes, des copies et des œuvres discutées de Parmigianino et de Raphaël montrent, de manière concrète, les problèmes d’authentification et de conservation des dessins qui se posent aux amateurs et aux musées.

LES DESSOUS DU DESSIN

18 septembre-30 novembre, Palais des beaux-arts de Lille, place de la République, tél. 03 20 06 78 00, tlj sauf mardi et jours fériés 10h-18h, lundi 14h-18h, vendredi 10h-19h. Catalogue 60 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°67 du 25 septembre 1998, avec le titre suivant : Une leçon de maîtres

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