Un essai à transformer

Le Salon international d’art tribal plébiscité par le public

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 9 octobre 1998 - 603 mots

De nombreux curieux, mais aussi des amateurs et collectionneurs venus d’Europe et des États-Unis, se sont pressés dans les allées et sur les stands du Salon international d’art tribal qui a accueilli, du 19 au 22 septembre, près de 8 000 visiteurs. La plupart des exposants ont affiché leur satisfaction, même si certains ont critiqué la sélection drastique opérée par le comité d’expertise.

PARIS - Près de huit mille personnes ont franchi, en quatre jours, le porche de l’hôtel Dassault pour y découvrir, au milieu des boiseries et des dorures, une sélection d’objets d’art primitif. Parmi eux, quelque 2 000 visiteurs étrangers, américains surtout, mais également britanniques, belges, suisses et allemands. Un beau résultat pour un art assez confidentiel. La plupart des exposants étaient surpris par cette affluence inhabituelle. “Je n’ai jamais vu autant de monde dans une manifestation consacrée à l’art tribal, déclarait le marchand James Willis, installé à San Francisco. J’ai rencontré de nombreux collectionneurs parisiens, mais aussi des Allemands et des Suisses. La majorité des visiteurs étaient cependant des curieux, avides de découvrir des pièces qu’ils ont examinées avec beaucoup d’attention.” Pierre Dartevelle paraissait tout aussi étonné : “J’ai dû jouer au professeur pendant toute la durée du salon. Cette manifestation va permettre de populariser un art mal connu. C’est peut-être un tournant pour l’art primitif. Les grands collectionneurs américains et allemands ne se sont, en revanche, pas déplacés. J’ai néanmoins rencontré de grands amateurs français et belges”.

Les ventes réalisées ont plutôt porté sur des objets de prix moyen ou peu élevé. “Nous avons beaucoup vendu, mais surtout des petites pièces”, indique-t-on du côté de la galerie bruxelloise Conru Primitive Art. James Willis semblait pour sa part un peu déçu par le faible nombre de transactions, qui portaient de surcroît sur des objets peu onéreux, tandis que Bernard Dulon signalait avoir vendu des pièces d’une valeur de 20 000 à 80 000 francs.

Un comité d’expertise critiqué
Plusieurs exposants se sont plaints de la trop grande sévérité du comité d’expertise. C’est le cas de Jo de Buck qui s’est vu refuser une pièce de Papouasie Nouvelle-Guinée avant d’obtenir, grâce au soutien d’autres marchands, de pouvoir finalement l’exposer. “Il s’agissait d’une pièce parfaite, soutient l’antiquaire bruxellois. En outre, aucun des experts présents n’était spécialisé en art de Nouvelle-Guinée”. Récriminations également de la part des responsables de la galerie Transparence, installée à Marseille, qui n’ont pu exposer aucun de leurs nombreux objets originaires du Mali. “C’est de l’inquisition, s’indigne Bernard Roque. Ces pièces sont parfaitement authentiques. Je m’intéresse à cette spécialité depuis trente ans, et je suis en train de rédiger un ouvrage sur la figure humaine dans l’art Bamana. Par ailleurs, il n’est pas normal que deux membres du comité d’expertise – Bernard Dulon et Pierre Dartevelle, qui avaient un stand – soient à la fois juge et partie. Enfin, il est surprenant que ce comité ait pu en deux heures examiner les quelque 1 000 objets exposés”. Les organisateurs rétorquent qu’il avait été demandé au comité d’expertise d’exercer une sélection drastique. “Il fallait rassurer un public non initié, explique Stéphane Carayol, commissaire du salon. Les experts ont parfaitement fait leur travail”. Bernard Dulon assure, quant à lui, que le comité d’expertise a été très souple et que les pièces litigieuses étaient probablement des copies. “La sélection n’a pas été sévère, se défend Pierre Dartevelle. Un objet d’art africain ne peut pas être jugé sur des qualités uniquement esthétiques. L’arbitre doit être respecté”.

Cet incident n’a pas empêché les marchands de manifester leur volonté de participer en 1999 à la seconde édition, qui devrait accueillir un plus grand nombre de galeries.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°68 du 9 octobre 1998, avec le titre suivant : Un essai à transformer

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