Genève, l’heure des musées

2010 devrait voir aboutir un double projet

Le Journal des Arts

Le 9 octobre 1998 - 626 mots

Les travaux qui débutent dans le bâtiment des Casemates donnent le coup d’envoi à un projet d’envergure : en 2010, les fonctions scientifiques et administratives des sept musées de la Ville de Genève devraient être regroupées sous le même toit, tandis que le Musée d’art et d’histoire gagnera de nouveaux espaces pour ses collections. Une manière de confirmer, en pleine période de restrictions budgétaires, les nouvelles orientations engagées depuis cinq ans sous l’égide de Cäsar Menz, à la tête des Musées de Genève.

GENÈVE - C’est dans un contexte de déficit financier et de restrictions drastiques à l’encontre des musées municipaux – réduction des horaires d’ouverture et même fermeture hivernale forcée – que commence le chantier des Casemates. Celui-ci ne représente que la partie émergée d’un ambitieux projet programmé sur douze ans, concernant le Musée d’art et d’histoire (Mah) et ses six filiales.

Le 10 mars, le Conseil municipal a voté un crédit autorisant le transfert des activités scientifiques et administratives du Mah dans un bâtiment attenant de la Ville de Genève : l’École des Casemates. Cela libérera quelque 1 500 m2 pour présenter les collections, soit 20 % en plus de la surface d’exposition actuelle. La dernière étape du projet prévoit le creusement de nouveaux espaces sous la cour intérieure du musée, qui pourraient servir d’abri aux œuvres en cas de danger.

Une section d’archéologie locale
Pour Cäsar Menz, ce redéploiement permettra à la fois de sortir certains fonds des réserves et de “restituer l’harmonie d’origine entre les œuvres et leur cadre architectural”. Construit en 1910 sur les plans de Marc Camoletti, le Mah avait été pensé en fonction des collections exposées : plafond à motifs pompéiens pour les objets d’art gréco-romains et éclairage naturel zénithal pour les peintures. Cette cohérence a peu à peu été détruite par divers aménagements et un nouveau parcours, chronologique. “Il ne s’agit pas, précise le directeur du musée, de revenir à la disposition première mais d’en rétablir la logique”.

L’étage consacré à la peinture, déjà rénové en 1996 pour créer un écho entre des œuvres anciennes et contemporaines – les vues de glaciers de Calame face au Land Art de Richard Long –, ne changera pas beaucoup. Une nouvelle salle de 150 m2 accueillera des tableaux de Saint-Ours, jusqu’alors dans les réserves.

En dessous, au département des Arts appliqués, 350 m2 supplémentaires permettront de créer un salon de musique et d’exposer une partie de l’important fonds d’instruments anciens. Au rez-de-chaussée supérieur, l’entrée principale sera entièrement réaménagée, et quelques-unes des plus belles pièces antiques du rez-de-cour y prendront place. Grâce à ce transfert, la présentation de l’archéologie antique, au niveau de la cour, devrait gagner en clarté.

Au sous-sol, une nouvelle section d’archéologie locale et régionale sera créée sur 450 m². Allant de la préhistoire au Moyen Âge, elle fonctionnera en relation étroite avec les sites urbains de Saint-Pierre et Saint-Antoine, et présentera des découvertes récentes. Enfin, si le creusement de sous-sols se révèle possible sous la cour centrale, deux galeries de 300 m² seront disponibles pour des expositions temporaires.

Côté Casemates, le regroupement des personnels scientifiques et administratifs renforcera la synergie entre les musées de la Ville engagée par Cäsar Menz. Depuis cinq ans, les conservateurs se réunissent régulièrement en collège pour proposer, chaque fois que possible, des visions transversales autour d’expositions ou d’activités pédagogiques.

“Cette variété d’approches est une manière d’élargir notre public, ce qui est bien plus important qu’augmenter les chiffres de fréquentation avec de grosses expositions”, explique le directeur du Mah, pour qui les efforts doivent porter dans plusieurs directions : valoriser les fonds des musées par des présentations-dossiers, constituer une collection d’art contemporain en travaillant avec les artistes lorsqu’ils sont encore abordables, et offrir au visiteur tout le confort attendu, de la cafétéria à la boutique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°68 du 9 octobre 1998, avec le titre suivant : Genève, l’heure des musées

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