Entretien avec James Snyder, directeur du Musée d’Israël

Des amis très généreux

Le Journal des Arts

Le 9 octobre 1998 - 785 mots

Le Musée d’Israël à Jérusalem, fondé en 1965, est l’institution culturelle la plus importante du pays. Célèbre pour ses manuscrits de la mer Morte – dont l’exposition circule actuellement à travers le monde pour marquer le cinquantième anniversaire de l’État d’Israël–, il abrite également d’importantes collections d’œuvres d’art moderne et contemporain, de maîtres anciens, du mobilier et des arts décoratifs européens, de l’art judaïque, islamique et ethnographique. À l’occasion de cet anniversaire, James Snyder, directeur du musée depuis 1996, a conçu une série d’expositions – entièrement financées par les fonds privés des Amis internationaux du Musée d’Israël – qui étudient l’héritage culturel du pays. Américain et ancien conservateur au Musée d’art moderne de New York, il a annoncé pour cette année commémorative des dons estimés à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Les dons au Musée Israël ont augmenté cette année de façon considérable. Sont-ils liés au cinquantième anniversaire ?
Oui et non. Comme la plupart des musées américains, le Musée d’Israël est soutenu par un groupe d’Amis extrêmement actifs, la différence étant que les nôtres viennent du monde entier. Notre budget d’acquisition est très réduit. Toutes les pièces du musée ont été données par des Amis du musée. Parmi les donations récentes, certaines étaient prévues depuis longtemps, notamment les collections Gruss et Schwarz, mais le cinquantième anniversaire a servi de catalyseur.

Le mois dernier, une série de dix portraits sérigraphiés d’Andy Warhol, les Génies juifs, est entrée dans les collections du musée. Comment cela s’est-il fait ?
La donation Warhol est due à l’initiative de l’un de nos amis européens qui a appris que la série complète était proposée par la galerie Anthony d’Offay, à Londres. Il a réuni plusieurs donateurs afin de l’acheter pour le cinquantième anniversaire. Anthony d’Offay et sa femme Anne ont également participé à cette donation.

La série semble être un don à la fois ironique et approprié. Quelles informations livre-t-elle sur la perception que Warhol avait des Juifs ?
La série illustre la fascination qu’avait Warhol pour les icônes de ce siècle. Contrairement à d’autres séries, celle des Génies juifs montre des intellectuels, des figures politiques et historiques, et semble ainsi plus profonde, tout en possédant un aspect humoristique.

Jérusalem est un lieu central pour le passage du millénaire. Le Musée d’Israël projette-t-il des événements particuliers pour le célébrer ?
Notre idée est de considérer les deux extrêmes du bimillénaire. Nous montons une exposition sur “Dada et le Surréalisme” à partir des fonds de la collection Arturo Schwarz, dont nous montrons actuellement les pièces majeures. Elle comprend plus de 700 œuvres d’art, sans compter de magnifiques archives et des objets dont la plupart n’ont jamais été exposés. À côté de “Dada et le Surréalisme”, nous aurons une exposition sur l’archéologie chrétienne en Israël. Au cours de l’an 2000, nous souhaitons nous pencher davantage sur le patrimoine chrétien pour étudier ses artefacts et ses lieux saints. Jérusalem est un lieu mystique pour de nombreuses cultures, et c’est ce que nous voulons célébrer en l’an 2000.

De quelle façon le climat politique actuel a-t-il influé sur les visites du musée ?
Il n’y a pratiquement pas de tourisme en ce moment, ce qui explique en partie pourquoi nous nous tournons vers un public spécifiquement israélien. Néanmoins, la fréquentation du musée est vraiment en baisse. Après 700 000 visiteurs en 1996, elle est tombée à 600 000 en 1997, et nous aurons beaucoup de chance si nous parvenons à maintenir ce chiffre cette année.

La moitié du budget assurée

Les Amis internationaux du Musée d’Israël (International Friends of the Israel Museum/Ifim) contribuent pour moitié au budget de fonctionnement annuel de l’institution (125 millions de francs) et à la totalité du budget des expositions et des programmes (45 millions de francs). La part du gouvernement israélien est de 20 % seulement, celle de la municipalité de Jérusalem de 3,6 millions de francs par an. Le fonds d’acquisition est intégralement financé par l’Ifim, qui compte quelque 5 000 Amis répartis dans douze pays, principalement en Amérique du Nord et en Europe. Pour le cinquantième anniversaire de l’État d’Israël, l’Ifim a multiplié ses contributions : 2 millions de dollars pour un programme spécial d’expositions célébrant l’héritage culturel d’Israël en 1998 ; 42 millions de dollars légués par Caroline et Joseph Gruss pour la création d’un nouveau centre d’orientation et de ressources que réalisera James Freed ; 200 000 livres sterling (1,9 million de francs) apportés par les Amis britanniques du Musée Israël en mémoire de Lily Sieff, une mise de fonds initiale pour les expositions et la publication d’ouvrages de recherche ; la collection Arturo Schwarz d’art surréaliste et Dada comprenant plus de 700 œuvres ; La série des Génies juifs d’Andy Warhol, don des Amis internationaux du Musée d’Israël.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°68 du 9 octobre 1998, avec le titre suivant : Entretien avec James Snyder, directeur du Musée d’Israël

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