Galerie

Caillebotte dessinateur

Brame & Lorenceau organisent une exposition inédite

Par Jean-François Lasnier · Le Journal des Arts

Le 23 octobre 1998 - 463 mots

À ce jour, très peu de dessins de Gustave Caillebotte, restés en grande partie dans la famille, avaient été montrés au public. L’exposition organisée par la galerie Brame & Lorenceau, qui réunit une soixantaine de feuilles, accompagnées de pastels et de peintures, présente donc un intérêt tout particulier.

PARIS - Dès 1989, la galerie Brame & Lorenceau avait rendu hommage au peintre impressionniste que la rétrospective du Grand Palais, en 1994, a contribué à faire connaître. Après les études peintes, elle présente aujourd’hui, au cœur de ce quartier cher à Caillebotte, ses dessins et pastels, complétés par quelques peintures. Pour l’occasion, les descendants de l’artiste ont ouvert leurs cartons, révélant de nombreux inédits, depuis ses premiers essais vers 1860-1870 jusqu’aux études pour ses tableaux les plus célèbres. Dès sa jeunesse, des études comme celles du chien couché trahissent une passion précoce pour l’observation du réel, et notamment pour son environnement domestique, dans la propriété de Yerres ou l’appartement familial de la rue de Miromesnil. Peint dans ce lieu austère, le Déjeuner est présenté ici entouré de nombreux dessins préparatoires où Caillebotte baigne sa mère et son frère dans une poétique pénombre. Des Peintres en bâtiment aux bourgeois en promenade de la Rue de Paris, temps de pluie, il réserve toute son attention aux études des figures, n’hésitant pas à les multiplier. Mais il ne “croque” pas, il impose au contraire de longues séances de pose à ses modèles, au cours desquelles il expérimente différentes solutions. Il n’y a pas trace de virtuosité, ni d’aisance dans le trait de Caillebotte, mais plutôt l’amour du travail bien fait. Les dessins de l’exposition retracent fidèlement les étapes successives de l’élaboration du tableau, la lente maturation des idées et l’émergence progressive des figures, de la silhouette tracée en quelques traits un peu raides aux beaux volumes du personnage fini. Chez Caillebotte, la contradiction réside peut-être dans cet écart entre l’ambition de saisir le pouls de la vie moderne et la préparation méticuleuse – laborieuse diront certains – que n’aurait pas reniée un brave académicien.

Adepte du crayon, il ne pratique pas l’aquarelle, mais s’essaye en revanche au pastel avec une certaine réussite. Des vingt pastels connus de sa main, quatre sont présentés ici, qui apportent, avec les quelques tableaux, une touche de couleur aux cimaises de la galerie. Outre le Déjeuner, les toiles exposées sont dominées par le spectaculaire Régates à Argenteuil, accompagné d’études pour le navigateur (Caillebotte lui-même) et l’esquif. Au final, l’exposition – où aucune œuvre n’est à vendre – trace un portrait fidèle de cet homme passionné par la peinture, la voile et les fleurs.

GUSTAVE CAILLEBOTTE (1848-1894), DESSINS ET PASTELS

Jusqu’au 27 novembre, galerie Brame & Lorenceau, 68 boulevard Malesherbes, 75008 Paris, tél. 01 45 22 16 89, tlj sauf dimanche 10h30-18h30. Catalogue.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°69 du 23 octobre 1998, avec le titre suivant : Caillebotte dessinateur

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