L’Egypte en tête à TEFAF

L’archéologie demeure le point fort de Bâle

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 23 octobre 1998 - 658 mots

Dix-huit mille visiteurs sont attendus sur les bords du Rhin, du 7 au 15 novembre, pour Tefaf Bâle. Cette quatrième édition accueille un peu moins d’exposants – 120, au lieu de 135 en 1997 –, certains antiquaires ayant choisi de participer à l’Asian Week qui se déroule à Londres au même moment. Les antiquités demeurent le point fort de la foire.

BÂLE - En trois ans, Tefaf Bâle, la petite sœur de Maastricht, est parvenue à creuser son sillon au point de devenir aujourd’hui la référence pour les amateurs d’antiquités classiques et égyptiennes. La foire regroupe une cinquantaine d’exposants dans ces spécialités, dont quelques antiquaires de renom tels que Donati-Arte Classica (Lugano), Royal Athena Galleries (New York), ou Rupert Wace Ancient Art (Londres) dont la pièce phare est une stèle sépulcrale égyptienne en calcaire teint du début de la XXVIe dynastie. Pour sa part, H.A.C. Kunst der Antike (Bâle) mettra à l’honneur une statue de la déesse Cybèle, un choix de vases et de terres cuites grecques, ainsi que des fibules grecques en bronze datant du début de l’âge du fer.

Dans la section antiquités et objets d’art, Kunsthandel Dr. Eva Toepfer (Luxembourg) exposera un petit chaudron couvert en argent partiellement doré, portant les armes et le monogramme de la princesse de Saxe qui l’avait offert à sa belle-fille Elisabeth Dorothea de Saxe-Gotha, à l’occasion de son mariage avec Louis VI, en 1666, tandis que Silber-Keller Duncker Kunsthandlung (Munich) présentera une coupe en argent ornée de turquoises créée par Archibald Knox pour Liberty & Co, en 1902. Tefaf Bâle réunit cette année encore une importante sélection de marchands d’art asiatique – onze au total –, comme la galerie Zen (Bruxelles) qui a sélectionné de la sculpture chinoise, des bronzes archaïques, du mobilier, des paravents japonais et des sculptures khmères. Christian Boehm (Londres), pour sa troisième participation, proposera de la céramique chinoise et des sculptures bouddhiques en bronze doré des dynasties Sui et Tang.

Un cabinet russe en bouleau de Carélie
Autre point fort, le mobilier français, allemand, suisse, anglais et russe. Ainsi, Adriano Ribolzi (Monte Carlo) exposera un grand cabinet russe du début du XIXe siècle, en bouleau de Carélie, réalisé à Saint-Pétersbourg vers 1810. Ce type de cabinet était utilisé à la fois comme bonheur-du-jour et comme grande table de toilette. Les meubles Art déco seront également bien représentés, notamment sur le stand de Jacques de Vos avec une paire de bergères en sycomore de Pierre Chareau, une table basse d’Eugène Printz en palmier et cuivre oxydé à plateau réversible, et trois tables gigognes de Jean Dunand aux plateaux recouverts de coquille d’œuf.

Dans la section “Classiques de l’art moderne”, Art Focus (Zurich) mettra en vedette une toile exécutée par Max Ernst en 1927, Femme traversant une rivière en criant ; Oriol Galeria d’Art (Barcelone) accrochera une huile sur toile de Pablo Picasso, le château de Boisgeloup, datant de 1932 ; Philippe Heim présentera des œuvres peintes dans le Doubs par Joseph Inguimberty. Et dans celle des tableaux anciens, la Galerie d’art Saint-Honoré proposera deux toiles de Bruegel le Jeune, Paradis et Bouquet de fleurs.

Nombre de marchands viennent à Bâle pour courtiser une clientèle qu’ils ne rencontrent pas ailleurs, composée essentiellement de Suisses, d’Allemands, d’Italiens et de Français. C’est le cas de la galerie parisienne Piltzer, qui a choisi d’aller à Bâle pour élargir sa clientèle et découvrir un nouveau public. “Nous voulons sensibiliser à l’art contemporain un public qui vient avant tout pour découvrir et acheter des antiquités”, explique Pick Keobandith. “Maastricht accueille en majorité des collectionneurs des pays de l’Europe du Nord, alors que Bâle attire plutôt des clients d’Europe centrale et des pays méditerranéens, déclare Adriano Ribolzi. Cette édition 1998 devrait constituer un test révélateur de la santé du marché de l’art, en cette période de turbulences boursières”.

Une inconnue demeure : les collectionneurs américains et asiatiques, qui avaient brillé par leur absence l’an passé, entreprendront-ils le voyage dans le contexte économique actuel ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°69 du 23 octobre 1998, avec le titre suivant : L’Egypte en tête à TEFAF

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