Altenburg révèle ses trésors

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 23 octobre 1998 - 458 mots

Riche d’une extraordinaire collection de primitifs italiens, le Musée Lindenau à Altenburg, dans l’ex-RDA, continue sa transformation en présentant à nouveau au public ses collections de statues d’après l’antique et de céramiques grecques et romaines.

ALTENBURG  - Le voyageur pressé qui négligerait de s’arrêter dans la petite ville d’Altenburg, à une quarantaine de kilomètres au sud de Leipzig, passerait à côté d’un inestimable trésor. S’y trouve en effet un musée extraordinaire, dont la collection de primitifs italiens dépasse, par son ampleur, celles du Louvre et de la National Gallery de Londres. Ses 195 œuvres, du XIIIe au XVIe siècle, ont été rassemblées par August von Lindenau, homme d’état, érudit et grand mécène, dont le musée porte le nom. Bibliophile passionné, ses premières acquisitions remontent à 1840, lorsqu’il achète à Boerner, un marchand de Leipzig, quatre tableaux italiens. Peu après, August von Lindenau rentre de l’un de ses voyages en Italie, où l’entraîne fréquemment sa carrière diplomatique, avec 40 peintures, ainsi que de nombreux plâtres et copies d’après l’antique. En 1848, il installe sa collection dans un immeuble de l’Altenburger Pohlhof, qu’il lègue à l’État à sa mort, en 1854 Après son transfert dans un lieu plus représentatif, la collection est classée musée d’État  en 1919.

À l’occasion de son cent cinquantième anniversaire, le musée, que dirige depuis plusieurs années Jutta Penndorf, est en plein réaménagement, et les collections de copies de sculptures antiques et Renaissance, de céramiques antiques, en particulier grecques et romaines, sont à nouveau accessibles au public. Mais la fierté du musée est, à juste titre, son extraordinaire collection de primitifs italiens, la plus riche au nord des Alpes. Le catalogue révèle une nette préférence pour l’école toscane, la plus prisée des collectionneurs de l’époque. On y trouve notamment une série de petits tableaux de Bernardo Daddi – l’un d’entre eux, miraculeusement conservé, a la forme d’un petit autel portatif à volets repliables –, un panneau de prédelle représentant l’Annonciation de Barnaba da Modena, trois œuvres de Taddeo di Bartolo, ainsi que d’autres de Sano di Pietro et Lorenzo Monaco, Taddeo Gaddi, Masaccio et Fra Angelico. De Sandro Botticelli, la collection compte un Portrait de femme – probablement Caterina Sforza – qui est peut-être la pièce majeure de l’ensemble, payé 40 écus en 1847 : avec une telle somme, on pouvait alors acheter trois bœufs ! Il été peint vers 1475, mais plusieurs rajouts datent du XVIe siècle (la roue, la palme, l’auréole, le manteau vert). La collection comprend encore une Sainte Hélène du Pérugin, une Flagellation par Luca Signorelli et une Sainte Famille de Beccafumi. Parmi les œuvres les plus rares d’autres écoles, une Crucifixion par Lorenzo Costa, avec un donateur qui est probablement le cardinal Bentivoglio, et une Vierge à l’Enfant signée Marco Zoppo.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°69 du 23 octobre 1998, avec le titre suivant : Altenburg révèle ses trésors

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