Retour à Dresde

La ville récupère des dessins volés

Le Journal des Arts

Le 6 novembre 1998 - 475 mots

Les restitutions d’œuvres dérobées à la fin de la Seconde Guerre mondiale se multiplient depuis la réunification de l’Allemagne. Dresde vient ainsi de récupérer neuf dessins avec le concours de Sotheby’s, d’habitude critiqué pour son manque d’empressement.

NEW YORK (de notre correspondant) - Le Cabinet des dessins de Dresde vient de récupérer neuf feuilles disparues depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont annoncé les responsables de la Collection nationale d’art de la ville. Elles lui ont été rendues par une famille russe vivant à New York. Aussi appréciable que soit cette restitution, les dessins sont d’une faible valeur marchande. Ils sont de la main de Johann F.A. Darbes, Ludwig Richter, Christoph Gaertner, Ferdinand Schmutzer et Albert Kruger, des artistes allemands du XIXe siècle célèbres à leur époque et dont l’œuvre est appréciée en Allemagne mais pratiquement ignorée partout ailleurs. Dans l’ensemble en bon état, ils seront présentés le mois prochain à Dresde dans le cadre de “Retour à Dresde”, l’exposition des œuvres disparues et retrouvées. Sur les neuf dessins portant le cachet de Dresde, cinq figuraient dans l’inventaire des pertes de guerre du Cabinet des dessins. Parmi les 1 500 œuvres disparues répertoriées, seule une petite centaine a été récupérée depuis la fin du conflit mondial. Mais le nombre des restitutions progresse depuis la réunification de l’Allemagne, en 1990, et la dissolution de l’Union soviétique.

Les dessins se trouvaient en la possession d’une famille d’émigrés russes établie à New York, dans le Queens, où se sont installés des milliers d’anciens citoyens soviétiques. En 1991, cette famille avait essayé de vendre un dessin d’Adolph Menzel chez Sotheby’s, à Londres, attirant ainsi l’attention du musée de Dresde. Les vendeurs ont intenté un procès afin de garder le dessin, mais y ont renoncé dès que son origine a été établie. La Collection nationale les a dédommagés et a aussi officiellement remercié Sotheby’s pour sa collaboration. Ces derniers temps, les musées allemands confrontés au problème des œuvres disparues avaient surtout critiqué la maison de vente pour son manque de sensibilité à leurs réclamations. La récupération d’une œuvre volée aux collections allemandes a souvent aidé à localiser d’autres pièces disparues, et les chercheurs souhaitent cette fois-ci pousser plus loin leurs investigations. Ils vont également examiner de plus près des œuvres provenant de Dresde découvertes aux États-Unis.

La famille russe, dont le nom n’a pas été révélé, a reçu une somme modeste en échange des dessins rendus, représentant environ un dixième de leur prix sur le marché américain – entre cent et mille dollars, selon une source. Elle a été payée par la Stadtsparkasse (Caisse d’épargne) de Dresde. Il est en effet devenu courant que des firmes allemandes rachètent des œuvres d’art pour le compte de musées qui n’en ont pas les moyens. En échange, elles peuvent temporairement exposer les œuvres récupérées et utiliser ce mécénat pour leur publicité.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°70 du 6 novembre 1998, avec le titre suivant : Retour à Dresde

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