Des artistes attaquent le FN

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 6 novembre 1998 - 358 mots

Plusieurs tracts du Front national, diffusés lors de la dernière campagne pour les élections régionales, avaient fustigé les Frac, reproduisant des œuvres de Daniel Schlier, Jean-Luc Vilmouth et Daniel Pontoreau. Les artistes ont engagé des procédures judiciaires, une attitude rare dans les arts plastiques, à la différence d’autres secteurs culturels.

SCHILTIGHEIM. En février dernier, les habitants de Franche-Comté ont eu la surprise de découvrir dans leur boîte aux lettres un tract du Front national, dans lequel ils pouvaient lire : “Au Conseil Régional, les élus FN ont toujours voté contre [...] l’achat d’œuvres d’art à des prix exorbitants par un organisme parasite : le F.R.A.C (Fonds Régional d’Art Contemporain)”. Une œuvre de la série des Têtes de Daniel Schlier illustrait le  texte. Le jour où il prend connaissance du document, le 27 février, le peintre consulte son avocate, Me Myriam Debré. “Il était clair que je ne pouvais pas laisser passer ça”, souligne Daniel Schlier, qui a engagé une procédure judiciaire, même si certains lui conseillaient de ne pas bouger. Il s’étonne d’ailleurs du peu de soutien qu’on lui témoigne et d’une certaine frilosité du milieu, jusqu’à Anne Dary, directrice du Frac Franche-Comté, qui se retranche derrière “un devoir de réserve”. Son homologue du Frac Poitou-Charentes, Olivier Chupin, a en revanche répondu présent et accueille à Angoulême les peintures de l’Alsacien, jusqu’au 12 décembre, pour une exposition-réponse contre le FN. Il étudie aussi les modalités qui permettraient à l’Association nationale des directeurs de Frac de réagir. Victimes de faits similaires, Daniel Pontoreau et Jean-Luc Vilmouth – qui “ne peut accepter que l’on utilise son œuvre à des fins politiques” – ont aussi porté l’affaire devant la justice, en association avec l’ADAGP. Daniel Schlier attaque directement le parti sur deux fondements : atteinte au droit de reproduction et atteinte au droit moral de l’auteur. La date des plaidoiries est fixée au 24 mars à 13h30, devant le Tribunal de grande instance de Nanterre. Parce que, écrit Schlier dans un texte à paraître dans L’info noir sur blanc, “ces affaires doivent être réglées par la justice, ce qui reste – à mon sens – une des façons d’éprouver la démocratie”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°70 du 6 novembre 1998, avec le titre suivant : Des artistes attaquent le FN

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