Van Gogh et Basquiat triomphent à New York

Résultats plus contrastés pour les impressionnistes et les modernes

Le Journal des Arts

Le 4 décembre 1998 - 750 mots

Christie’s a triomphé le 19 novembre en adjugeant un Van Gogh à plus de 400 millions de francs. Les résultats des vacations de Sotheby’s ont été plus contrastés, même si deux records ont été enregistrés. Cette semaine de ventes new-yorkaises confirme la bonne santé du marché, prêt à faire honneur aux grandes œuvres mais refusant toujours des prix excessifs pour tout ce qui est de qualité moyenne.

New York (de notre correspondante) - La soirée du 19 novembre fera date chez Christie’s. Après la vente historique, en mai 1990, du Portrait du docteur Gachet par Van Gogh – le premier tableau à frôler les 82,5 millions de dollars –, son Portrait de l’artiste sans barbe (1889) a établi un second prix record pour le peintre. Les enchères se sont envolées jusqu’à 71 502 500 dollars pour cet autoportrait émouvant, au trait vibrant et contrôlé.

Provenant d’une collection européenne, une des versions du Château noir (vers 1904) de Paul Cézanne a fait 11,5 millions de dollars, et la Composition (le Typographe) de Fernand Léger, exécutée en 1917-1918, 6 millions de dollars. Les 17 lots de la collection Harry Torczyner ont été très disputés : une composition insolite de René Magritte, le Tombeau des lutteurs (1960), s’est vendue 5,7 millions de dollars, tandis qu’un autre de ses chefs-d’œuvre, les Valeurs personnelles (1952), suscitait une bataille d’enchères remportée par le San Francisco Museum of Art, à 7 152 500 dollars, un record pour le peintre belge en vente publique. L’exaltation retombée, des œuvres de moindre qualité sont parties en dessous des estimations ou restées invendues (comme le Nu debout d’Amedeo Modigliani). Cette soirée mémorable a rapporté à Christie’s 166,7 millions de dollars (933,5 millions de francs) : le produit vendu représente 93 % des enchères et 87 % des lots ont trouvé preneur.

De bons résultats également, la veille, lors de la dispersion de peinture impressionniste et du XIXe siècle, avec 35 œuvres vendues pour un total de 44,9 millions de dollars (251,5 millions de francs). Une dizaine de tableaux ont dépassé les estimations hautes : ainsi, les Canotiers à Argenteuil (1874) de Claude Monet, une toile lumineuse estimée 6-8 millions de dollars, a été poussé jusqu’à 9 millions de dollars par le marchand David Nahmad, et un Paul Signac de 1891, Concarneau. Calme du matin, a été enlevé par David Nash à 4,4 millions de dollars, contre une estimation de 2,5-3,5 millions de dollars. En revanche, à 5,5 millions de dollars, un autre Monet, Vue du bassin aux nymphéas avec saule, a réalisé un prix inférieur à son estimation de 6-8 millions.

La vente d’art impressionniste et moderne de Sotheby’s, le 16 novembre, n’a pas connu la même réussite : seuls 19 des 41 lots ont trouvé preneur – Renoir, Kandinsky, Pissarro, Picasso, Giacometti, Monet... –, parfois juste au-dessus des estimations basses, pour un total de 37,2 millions de dollars (208,3 millions de francs). Il semblerait que les experts de Sotheby’s aient fixé des estimations et des prix de réserve qui, s’ils étaient justifiés par le nom de l’artiste, ne l’étaient pas forcément par la qualité des œuvres. Heureusement, la dispersion de peintures et sculptures de la collection du Reader’s Digest, en première partie de soirée, avait été plus brillante, avec un total de 86,5 millions de dollars (484,5 milions de francs) et 33 lots vendus sur 37. Le délicat Portrait de Jeanne Hébuterne (1919) par Amedeo Modigliani a établi un nouveau record à 15 127 500 dollars, et Jeanne Hébuterne assise dans un fauteuil (1918), très beau mais d’une qualité légèrement inférieure, était adjugé 9,9 millions de dollars à Nancy White. Second record de la soirée, l’extraordinaire La forêt : sept figures et une tête d’Alberto Giacometti, acquis par Simon de Pury à 7,4 millions de dollars. Parmi les adjudications au-delà des estimations, Jeune femme dans les fleurs d’Édouard Manet s’est vendue 3,6 millions de dollars, Anémones au miroir noir d’Henri Matisse, 3,7 millions de dollars.

Les ventes d’art impressionniste et moderne des 17 et 18 novembre ont totalisé 32,3 millions de dollars (181 millions de francs), avec 71 % des lots vendus. Les Débardeurs d’Édouard Vuillard, estimé 200-300 000 dollars, a fait 1,02 million de dollars, et un Vase de fleurs de Chagall, 745 000 dollars, contre une estimation de 350-450 000. Des œuvres invendues lors de la vacation du 16 novembre sont parties après négociations privées, dont la Muse de Brancusi et Jeune femme en bleu allant au conservatoire de Renoir, toutes deux de la collection du Reader’s Digest.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°72 du 4 décembre 1998, avec le titre suivant : Résultats plus contrastés pour les impressionnistes et les modernes

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