La prudence est de mise sur le marché anglo-saxon

Baisse des ventes dans de nombreux secteurs

Le Journal des Arts

Le 4 décembre 1998 - 581 mots

Le marché anglo-saxon de moyenne gamme enregistre un fléchissement pour la première moitié de la saison, avec des ventes en baisse de 10 à 15 % dans de nombreux secteurs. Les acheteurs privés se montrent prudents, les marchands hésitent à acquérir des œuvres dans un marché à la baisse, et la demande est nulle pour les pièces de qualité médiocre ou faible.

LONDRES (de notre correspondante) - Lorsque les estimations sont raisonnables, la frange supérieure du marché se maintient. Mais il faut distinguer le marché des collectionneurs, où les pièces ne réapparaîtront pas avant un certain temps, de celui des objets plus ordinaires. Cette année, par exemple, les estampes modernes se sont mal vendues : elles peuvent se trouver facilement sur le marché.

Les ventes importantes, dans tous les secteurs, réalisent toujours de bons résultats. La peinture européenne du XIXe siècle s’est néanmoins révélée vulnérable cette année. En juin, seuls 34 % des lots se sont vendus chez Sotheby’s. Mais le 26 octobre, à Amsterdam, le produit vendu d’une vacation de peintures hollandaises du XIXe siècle a représenté 90 % des enchères. À Londres, le 8 octobre, les dispersions d’art allemand et autrichien de Christie’s affichaient un produit vendu de 86 % – et trois records de prix –, tandis qu’à New York, les résultats de la seconde édition d’“Arts of France” décevaient avec un produit vendu de 66 %. En revanche, le 5 novembre, Sotheby’s enregistrait deux enchères supérieures à 2,7 millions de dollars (environ 15 millions de francs) lors de sa vente de mobilier français.

L’effondrement des marchés asiatiques et du Moyen-Orient a notamment entraîné la chute des ventes de bijoux et d’horlogerie, qui perdent 20 % par rapport à 1997. Une exception, toutefois, la vente Whitney de joaillerie le 19 octobre, chez Sotheby’s New York, dont 93 % des lots ont trouvé preneur. L’art islamique, un marché spécialisé sur lequel interviennent de nombreux acheteurs du Moyen-Orient, a pour sa part bien résisté.

Également victimes de la crise, les arts chinois et japonais. Mais il faut là encore distinguer entre les ventes de collections spécialisées et les autres. Chez Sotheby’s Londres, en juin, une collection de miniatures japonaises s’est vendue à 96 %, et chez Christie’s New York, en octobre, une collection d’estampes Ukioy-e à 97 %. Le marché de l’art coréen s’étant écroulé, les deux grands auctioneers ont suspendu toute nouvelle vente dans ce domaine.

Au mois d’avril, à Londres, l’art contemporain avait connu une belle réussite chez Christie’s, mais en octobre, seuls 57 % des lots s’étaient vendus. Ce marché, qui dépend largement des jeunes acheteurs citadins, subit la perte de confiance entraînée par la crise boursière. La vente Saatchi du 8 décembre sera un bon indicateur de la résistance de l’art contemporain sur la place de Londres.
À New York, la peinture américaine et la photographie ont enregistré d’excellents résultats : plus de 150 % d’augmentation au cours du premier semestre pour la peinture, à la fois chez Christie’s et Sotheby’s, et plus de 10 millions de dollars cette année pour les ventes de photographie de Christie’s. Aux États-Unis, les achats européens sont en augmentation : l’Europe a enfin émergé de la récession, et les échanges entre les deux marchés se sont fortement améliorés depuis quelques années. Les acheteurs du continent américain restent très actifs. Les Mexicains et les Brésiliens figurent même parmi les clients les plus riches des salles des ventes, les problèmes de l’économie sud-américaine ne paraissant pas affecter pour l’instant leur pouvoir d’achat.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°72 du 4 décembre 1998, avec le titre suivant : La prudence est de mise sur le marché anglo-saxon

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