Déconfiture à Hong Kong

Christie’s et Sotheby’s ont frôlé le désastre

Le Journal des Arts

Le 4 décembre 1998 - 461 mots

Seule la vente par Sotheby’s de “Huit trésors d’une collection privée�?, le 2 novembre à Hong Kong, a permis aux vacations d’art chinois des deux auctioneers d’éviter la débâcle. Sur ce marché asiatique en total repli, la demande est quasi inexistante pour tout ce qui n’est pas de qualité exceptionnelle.

HONG KONG - Les “Huit trésors d’une collection privée” mis en vente par Sotheby’s le 2 novembre ont tous trouvé preneur et produit 37,7 millions de dollars Hong Kong (environ 27,2 millions de francs). Bien qu’il n’en soit pas fait mention dans le catalogue, ces pièces prestigieuses provenaient de la collection Joseph et Theresa Lau, promoteurs immobiliers à Hong Kong. L’antiquaire Giuseppe Eskenazi s’est porté acquéreur de trois porcelaines pour un total de 25,7 millions de HK$ : un Meiping et une coupe blanc-bleu de la période Yongle, ainsi qu’une coupe émaillée rouge de l’époque Kangxi. “Ces pièces, très rares, en parfait état et bien documentées, avaient appartenu à de grandes collections depuis les années trente”, affirmait le marchand londonien qui ne les conservera pas longtemps, des collectionneurs sérieux s’étant déjà manifestés.

Mais il est évident qu’à l’exception des pièces de tout premier plan, le marché de Hong Kong est désormais inexistant. Le même jour, Sotheby’s dispersait  des “Céramiques et œuvres d’art chinoises” qui n’ont rapporté que 15,4 millions de HK$ (10,6 millions de francs), avec 32 % des lots vendus représentant 44 % des enchères.

Même déception chez Christie’s, le 3 novembre, pour sa vacation de sculptures et de céramiques chinoises. Hong Kong a toujours été le marché traditionnel des bronzes dorés, où les acheteurs japonais étaient très actifs. Dans la section intitulée “Les dieux du Panthéon bouddhiste”, sur les dix-sept lots les plus importants proposés, seuls trois se sont vendus. Il est intéressant de relever qu’il s’agissait de pièces Ming, les œuvres chinoises plus anciennes n’ayant pas trouvé preneur. Parmi les bons résultats enregistrés, une figurine en émail cloisonné de l’époque Quianlong a doublé son estimation à 1,12 million de HK$ ; un bodhisattva polychrome de la dynastie Sui a fait 1,78 million de HK$ et une tête de bodhisattva de la dynastie Tang 845 000 HK$.

La vente a totalisé 39,7 millions de HK$ (28,6 millions de francs), avec un produit vendu de 40 % en lots et 54 % en valeur. Giuseppe Eskenazi y a acquis pour 6,6 millions de HK$ (4,8 millions de francs) une coupe à libation à fond jaune de la famille rose, portant la marque impériale Yuzhi, qui provenait elle aussi de la collection Lau.

Le 2 novembre, les somptueux bijoux de Theresa Lau faisaient l’objet d’une vente très médiatisée et rapportaient 54,4 millions de HK$. Preuve supplémentaire qu’à Hong Kong, sur un marché fortement déprimé, seules les pièces exceptionnelles suscitent actuellement l’intérêt.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°72 du 4 décembre 1998, avec le titre suivant : Déconfiture à Hong Kong

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