Masaccio, un peintre en son siècle

Par Alain Cueff · Le Journal des Arts

Le 4 décembre 1998 - 332 mots

Brève et dense, la carrière de Masaccio a laissé une forte empreinte sur l’art italien de la Renaissance. Plus qu’une monographie, cet ouvrage replace l’auteur des fresques Brancacci dans le contexte florentin.

Comme nombre de ses pairs, la vie de Masaccio reste pour l’historien un tissu de conjectures. Probablement né en 1401, disparu vingt-sept ans plus tard entre Florence et Rome, on ne connaît pas de maître à celui qui, en quelques années d’activité, a marqué à jamais l’histoire de la peinture. On ne connaît même pas avec précision la nature des rapports qu’il entretint avec Masolino, et qui font l’objet d’interminables controverses. Plutôt que de forger de vaines hypothèses et d’adhérer à un discours polémique, Franco et Stefano Borsi ont choisi de replacer Masaccio dans son contexte. Les hypothèses, tant historiques qu’esthétiques, ne visent pas à élaborer un portrait, nécessairement fictif, mais à dégager certaines lignes de force de l’œuvre de Masaccio. Ce qui fait de leur ouvrage tout autre chose qu’une simple enquête monographique.

Les auteurs interrogent Florence dans la variété de ses dimensions politique, religieuse, culturelle, architecturale, reprennent les données essentielles de l’art de l’époque, et donnent à l’invraisemblable maturité de Masaccio un contexte positif qui évite les pièges de la légende. Mais ils font leur ce commentaire de Roberto Longhi : “S’il y eut jamais un artiste sorti tout armé et décidé du cerveau de la peinture, ce fut Masaccio”. Naturellement, le traitement perspectif de l’espace fait l’objet de savantes analyses, et fait apparaître le tribut de l’artiste à ses devanciers et son extraordinaire influence. Si le catalogue comprend un nombre d’œuvres restreint, chaque numéro est un chef-d’œuvre, du triptyque de San Giovenale à la sidérante Trinité de Santa Maria Novella, en passant par les fresques de la chapelle Brancacci. Méthodique et précis, cet ouvrage, qui a été couronné par l’Académie des beaux-arts (Prix Bernier), est sans aucun doute appelé à marquer les études masacciennes.

Franco et Stefano Borsi, Masaccio, éditions Hazan, 308 p., 690 F. ISBN 2-85025-614-5.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°72 du 4 décembre 1998, avec le titre suivant : Masaccio, un peintre en son siècle

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