Londres : attention travaux

Visite au British Museum et à la Tate Gallery

Le Journal des Arts

Le 18 décembre 1998 - 1239 mots

Créée en 1994, la Loterie nationale britannique a permis un apport massif de fonds aux musées. Elle a ainsi conduit au développement d’une série de grands projets, en particulier au British Museum et à la Tate Gallery.

En 2003, le British Museum célébrera son 250e anniversaire avec l’aboutissement d’un programme de développement de grande envergure. Le transfert de la bibliothèque dans d’autres locaux a libéré 40 % de l’espace et donné lieu à une réorganisation fondamentale du musée. L’aménagement de la Great Court (Grande Cour), dont l’ouverture est prévue en novembre 2000, est au cœur de ce programme qui comprend également la rénovation des Grand Rooms (grandes salles) et le retour de l’Ethnography Museum pour 2003.

Le bâtiment de Robert Smirke a été conçu en 1823 autour d’une cour centrale, à l’intérieur de laquelle la Round Reading Room (Salle de lecture circulaire) a été construite en 1857. Sir Norman Foster a été choisi pour aménager cette zone, lorsque l’espace vint à manquer. Les salles de stockage des livres et d’accueil des visiteurs autour de la Salle de lecture ont été détruites pour faire place à un immense espace public couvert d’un toit transparent, améliorant ainsi la circulation à l’intérieur du musée et abritant des boutiques, un café et les services d’accueil. La salle de lecture sera conservée à l’intérieur des façades restaurées de la cour Smirke, et abritera un centre multimédia de recherches et de documentation. Un espace souterrain sera aménagé sous la cour pour accueillir le Centre for Education (centre pédagogique), avec deux auditoriums, des services d’accueil pour les groupes scolaires, ainsi que les Sainsbury African Galleries. Deux escaliers extérieurs entourant la Salle de lecture conduiront à deux nouveaux étages elliptiques situés dans la partie extérieure nord du bâtiment, comprenant un espace pour les expositions temporaires, un restaurant et une passerelle qui permettra d’accéder à l’étage supérieur du bâtiment principal.

Ce projet d’aménagement, d’un coût total de 97 millions de livres sterling (921 millions de francs), offrira au musée 14 000 m2 d’espace supplémentaire. La Millennium Commission, l’une des agences de la Loterie nationale chargée de l’allocation des fonds, a financé le projet à hauteur de 30 millions de livres (282 millions de francs), et l’Heritage Lottery Fund a participé à hauteur de 15,75 millions. Le British Museum a obtenu 47,25 millions de livres de financements privés, au nombre desquels figurent la Fondation Clore et Duffield qui a versé 2,5 millions pour la construction du centre pédagogique, la famille Sainsbury 4 millions pour les African Galleries, et Walter et Leonore Annenberg 6,7 millions pour le centre de documentation.

Sir Norman Foster est également chargé de l’aménagement des salles libérées par le transfert de la British Library, dans l’aile nord du bâtiment principal, qui abritera le département d’Ethnographie installé depuis 1970 au Museum of Mankind. Profitant de la fermeture de la zone autrefois occupée par la North Library et la King’s Library, l’aménagement de l’espace souterrain sous la Grande Cour a pu commencer, et les bâtiments existants sont en cours de restauration. Actuellement, la Grande Cour est une mer de boue que domine la Salle de lecture protégée par des échafaudages. À l’intérieur, des analyses sont effectuées pour évaluer en détail la faisabilité des travaux de restauration. Courant 1999, l’aménagement de l’espace souterrain devrait être terminé, les nouvelles structures construites, le portique sud restauré, la structure métallique du toit installée et les vitres posées. Depuis novembre, deux grues transportent le matériel et la machinerie de la Grande Cour au-dessus du bâtiment principal du musée, qui reste cependant ouvert au public.

Dans son bâtiment de Millbank, la Tate Gallery ne pouvait présenter que 40 % de sa collection. Une réorganisation est prévue avec l’ouverture d’un second bâtiment, une centrale électrique désaffectée à Bankside. Elle accueillera la collection internationale d’art moderne et ouvrira en mai 2000, alors que le bâtiment de Millbank, réservé à l’art britannique, sera agrandi et accessible au public l’année suivante. Les architectes Herzog & de Meuron procèdent au réaménagement de la centrale électrique construite par George Gilbert Scott et située en face de la cathédrale St Paul, à laquelle la reliera un nouveau pont piétonnier conçu par Sir Norman Foster et Anthony Caro. Les visiteurs pénétreront par l’entrée ouest dans cette imposante construction de briques, dominée par une cheminée centrale, et descendront une rampe conduisant à l’immense salle des turbines qui occupe tout le volume du bâtiment. Ce hall de circulation spectaculaire accueillera une boutique, un café et un centre pédagogique. À partir de la chaufferie adjacente, les visiteurs accéderont par un escalier central et un escalator aux sept niveaux du musée, dont trois abriteront cinq salles d’exposition en enfilade et un espace pour les expositions temporaires. Les deux niveaux supérieurs, où sera aménagé un restaurant avec vue imprenable sur la ville, s’insèrent dans une structure de verre conçue par Herzog & de Meuron, et s’étendent sur toute la longueur de la chaufferie, permettant un éclairage naturel des galeries supérieures.

Le musée disposera d’une surface intérieure totale de 34 000 m2, dont 8 000 seront consacrés à la présentation des collections permanentes, et 1 300 aux expositions temporaires. 110 millions de livres (1,03 milliard de francs) ont déjà été réunis, mais le coût total du projet s’élève à 130 millions. La Millennium Commission a alloué 50 millions, et l’agence gouvernementale pour la réhabilitation de l’espace urbain English Partnership a apporté 12 millions. Les 48 millions restants proviennent de financements privés – la Clore and Duffield Foundation, notamment, a fait don de 2,5 millions pour le centre pédagogique.

Les travaux ont commencé en 1995 avec le retrait des machines de la centrale électrique, suivi par les démolitions et la préparation du site. La construction a pu commencer en octobre 1997 ; la toiture, qui comprend le nouveau toit de la salle des turbines et la construction d’une structure de verre, a été terminée à l’automne 1998. Aujourd’hui, 500 personnes assurent l’aménagement des structures d’accueil et des différents étages. Conformément au calendrier, les travaux de finition et de décoration devraient commencer en 1999 et se terminer en juillet. Alors que la salle des turbines sera à dominante grise, rythmée par les poutres maîtresses apparentes en acier noir, les galeries seront blanches. Un plancher de chêne est prévu pour deux des étages, et un revêtement de ciment couvrira le sol des autres niveaux. On pourra alors procéder à l’installation de la collection permanente : les œuvres seront disposées suivant un ordre chronologique, et des rotations seront opérées à intervalles réguliers.

L’agrandissement du bâtiment de Millbank, imaginé par le cabinet John Millar & Partners, comprend la construction d’une cour intérieure dans l’aile nord-ouest et le réaménagement des salles environnantes, afin de créer une entrée desservant les six nouvelles salles consacrées aux expositions temporaires. Un escalier donnera accès à l’étage principal, qui abritera quatre nouvelles salles. Ce projet d’agrandissement permettra également d’améliorer l’accueil des visiteurs et augmentera la surface au sol du musée de 3 050 m2. Le coût total de l’opération s’élève à 32,3 millions de livres ; 18,75 millions proviennent de l’Heritage Lottery Fund et 11,6 de financements privés, dont une importante donation de la famille Sainsbury pour l’aménagement des salles d’expositions temporaires. Débutés en janvier 1998, les travaux de préparation du site et de démolition des bâtiments de la cour sont aujourd’hui terminés. Les fondations ont pu être coulées à l’automne, et la construction est en cours. L’aménagement des nouvelles salles devrait durer de juin 1999 à juillet 2000.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°73 du 18 décembre 1998, avec le titre suivant : Londres : attention travaux

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