Trois jeunes artistes dans la capitale anglaise

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 22 janvier 1999 - 485 mots

Les jeunes artistes allemands envahissent Londres cet hiver. La Whitechapel Art Gallery consacre une mini-rétrospective à Rosemarie Trockel, la Serpentine Gallery nous permet de découvrir New York à travers le regard du photographe Andreas Gursky, et Stephen Balkenhol a installé ses sculptures dans le Sadler’s Wells Theatre.

LONDRES - Il n’est pas rare que Rosemarie Trockel s’amuse à transformer ses sujets et spectateurs en cobayes, lors de ses expérimentations visuelles. Sa réputation n’est plus à faire depuis qu’elle a exposé à la Documenta X sa fameuse installation Maison pour les cochons et les gens, n’hésitant pas à placer le public dans une porcherie pour railler l’importance de cet animal dans la culture allemande. Aujourd’hui, l’artiste s’intéresse aux œufs, qu’ils soient brouillés, à la coque, dans des poulaillers ou des vidéos : l’œuf, en tant que symbole de la féminité, de la reproduction et de la vie. Jusqu’au 7 février, la Whitechapel Art Gallery expose des photographies de couples saisis dans des poses non équivoques qui pourraient tenir lieu de campagne marketing pour le Viagra. Une vidéo représente des couples en pleine “conversation”, citant Freud en allemand comme Andy Warhol et Marguerite Duras, se demandant “ce que cela signifie de se sentir seul au sein d’une relation de couple” ou s’interrogeant sur “ce qui est susceptible de procurer le plus grand plaisir entre le chocolat, les bandes dessinées ou le sexe”.

Les photographies d’Andreas Gursky, que présente la Serpentine Gallery jusqu’au 7 mars, sont d’un tout autre registre : des images “anonymes” et presque cliniques, épurées de toute passion, telles ces vues du Bundestag ou de la Bourse de Singapour. Disciple de Bernd et Hilla Becher, connus pour leurs séries représentant des usines, Gursky réalise de grands formats utilisant le langage de la peinture moderne pour une réflexion sur les différents modes d’exposition et de mise en valeur, qu’il s’agisse des vitrines des boutiques ou des cubes blancs des galeries. “Ses photographies saisissent un objet, comme ces chaussures Prada présentées en vitrine ou cet immeuble, et s’efforcent de montrer en quoi la façon dont ils sont exposés interfère sur notre manière de les appréhender”, explique Lisa Coren, responsable de la Serpentine Gallery.

Des anti-héros
Les sculptures de couleurs vives de Stephen Balkenhol, grossièrement découpées dans des pièces de bois, constituent une sorte d’hybride entre totem, statue et mannequin. Balkenhol se moque de l’habitude de placer les héros sur un piédestal en disposant sur des socles hommes, femmes et animaux des plus ordinaires. Comme beaucoup de ses contemporains, il se soustrait au fardeau de l’histoire allemande qui pèse sur des artistes plus âgés, tels Richter et Kiefer, en le transformant en jeu pour adulte. Son travail est exposé jusqu’au 17 avril au Sadler’s Wells Theatre, récemment rénové, tandis que Pina Bausch y présente sa première chorégraphie depuis dix-sept ans. Les responsables du théâtre souhaitent que le public puisse désormais découvrir des œuvres d’art contemporain en complément des spectacles.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier 1999, avec le titre suivant : Trois jeunes artistes dans la capitale anglaise

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